ce dimanche matin 23 septembre, le mont Pico s'est découvert comme pour saluer notre départ de Madalena, et c'est sous un soleil radieux que nous partons en mer en direction de Madére.

Pas de vent, donc route moteur à bas régime pour optimiser le niveau sonore et la consommation de gas-oil.

Sao Jorge défile sur notre gauche, aguichante par ce beau temps, pour nous donner des regrets de ne pas lui avoir rendu visite.

Les vents ont étés de secteur sud-est pendant tout notre séjour aux Açores, et les rares mouillages de l'ile sont complètement ouverts au sud;

une autre fois peut-être....

Un des inconvénients du petit temps, c'est qu'on aurait facilement tendance à faire du gras;

nous sommes partis depuis à peine 2 heures que nous entamons déjà le premier "petit goûter" pour "liquider" le reste de la succulente mousse au chocolat dont Malou nous a régalé hier soir....

d'ici à ce qu'on parle d'apéro dans moins d'une heure.....

8 heures plus tard:

il n'a pas été question d'apéro ce midi car il est juste venu un peu de vent, et nous avons été occupés à envoyer les voiles; puis , quand tout a été réglé et les moteurs stoppés, Malou avait fait un bon repas....

Par contre ce soir, les prévisions météos nous abonnent au petit temps pour au moins 24 heures, et don c on va s'en jeter un histoire de bien se préparer à une nuit sereine!

Mis à part la faiblesse du vent, c'est un temps idyllique pour commencer une traversée:

la mer est belle, le ciel est bleu, il y a plein de dauphins qui sautent à coté du canote, et, en plus, la lune brille pour éclairer les quarts de nuit....

que demander de plus?

bon, il y a bien eu ce tuyau qui s'est "débranché" inopinément sous le plancher de notre cabine, menaçant de vider le réservoir d'eau tribord dans les fonds, mais par chance, nous nous en sommes rendus compte tout de suite, et ça a été promptement réparé; il faut toujours avoir l'oeil partout sur un bateau, car le nombre de trucs qui peuvent amener des soucis, c'est prodigieux....

lundi matin:

rien à dire sur cette première nuit en mer: calme, sérénité et ronron des moteurs...

à l'heure où d'aucuns montent dans leur bagnole pour partir au boulot, Claire et Malou s'affairent à remonter à bord les 2 bonites qu'elles ont pris au petit jour, à la fin de leur quart;

Tintin en prendra une autre quelques minutes plus tard; le repas de midi est assuré.

puis, route au Sud-est, nous longeons la cote de Sao Miguel:

décidemment, ces iles sont aussi belles à contourner qu'à visiter.

Cet après-midi, j'ai repris une volée de fichiers météo par radio, et les prévisions n'étaient plus du tout les mêmes qu'hier....tout mon plan de route est obsolète....

ça me rappelle une défintion de la météo que j'aime bien, par Philippe Bouvard:

la météo est une science qui permet de connaitre le temps qu'il aurait dû faire!

rencontre insolite cette nuit: Tintin a croisé, pendant son quart, un autre voilier qui naviguait tous feux éteints. Il l'avait repéré au radar, et l'autre s'est décidé à allumer ses feux de route quand il est passé derrière nous. Il était plus lent, et avait disparu dans la nuit en 2 heures.

Troisième jour de mer; ça y est, nous avons bien quitté les Açores. Ce matin, au lever du jour, plus un terre ne venait briser la ligne d'horizon.Les moteurs se sont tus hier soir, et nous progressons à la voile.

Le vent est très irrégulier en force et en direction, et notre route en zig-zag ressemble un peu à la démarche de kionsé certains soirs de fin de semaine....

Malou a fait du pain, Enzo chouine, et le groupe éléctrogène ronronne pour charger les batteries avant la nuit et actionner le dessalinisateur. La croisière suit son cours gentiment....

Nous venons de passer tout près d'une belle tortue (environ 1 mètre; je ne sais pas s'il faut dire "de long" ou "de diamètre" vu que c'est du genre ovale)

Elle se baguenaudait tranquillement à la surface, comme celle qui est là pour bronzer, et n'a pas bronché à notre passage.

J'ai l'impression que les tortues marines regardent passer les catamarans comme les vaches regardent passer les trains....

En même temps, je ne suis pas très calé en vaches, et encore moins en tortues, et, si ça se ytrouve, c'est pas du tout ça.

J'essairais de me documenter.

Question météo, ça s'est un peu gâté ces dernières heures; le vent a fraichi, le ciel est devenu gris avec quelques averses, et la mer s'est formée;

moins confortable, mais on va plus vite.

Cette journée de jeudi est ponctuée de nombreuses manoeuvres de voiles, de nuit comme de jour, car le vent est très instable en force et en direction, mais nous avançons bien, et il semble probable que Madère sera en vue demain matin.

Sitôt la nuit tombée, les lumières de l'île apparaissent sur l'horizon malgré les 50 milles qui nous séparent encore.

Un problème de refroidissement avec le groupe éléctrogène nous conduit à mettre en route les moteurs de propulsion pour charger les batteries, puis, compte tenu de la faiblesse du vent ( entre les grains ), ils resteront en marche jusqu'à l'arrivée.

vendredi 6 heures:

Madère est par le travers, resplendissante dans le jour qui se lève, avec derrière nous, la lune pas encore couchée: c'est magique!

Et dans quelques heures, retour dans le monde des gens qui ont les pieds sur terre....

10h:

vous n'allez pas me croire, qui c'est ty qu'est venu nous accueillir à notre arrivée à Funchal?:

Christophe Colomb

je sais, ça parait improbable, et, de toute façon, nous ne sommes pas assez près pour le reconnaitre, mais, en tous sac, c'était son bateau: la Santa Maria!

Aucun doute: cette silhouette massive, entièrement de couleur marron fonçé, c'est pas commun dans nos marinas!

C'est sûr, ce n'était ni un Jeanneau, ni un Beneteau, et encore moins un de ces originaux qui essaient de les concurrencer, c'était une caravelle.

Je suis tout de même troublé par un détail: il avançait à bonne allure malgré le peu de vent, et ce, sans aucune voile!

Alors comme ça CC aurait été en possession du premier moteur thermique de l'humanité, et il l'aurait caché sournoisement????

j'y crois pas du tout

Bon bref, à 10h30, nous mouillons tranquillement dans l'avant-port par 10 m de fond, mettant ainsi un terme à cette petite traversée de 5 jours sans souci.

Un petit tour d'annexe pour nous rendre à terre pour les formalités d'entrée et, surprise, il y a là un paquet de bateaux français, car c'est l'escale de la mini-transat;

nous y retrouvons notre copain Hervé, qui a momentanément faussé compagnie au bureau d'études de Jeanneau pour courir cette épreuve difficile; il a terminé la première étape à une très honorable troisième place, et c'est dans son petit canote de 6m50 que nous fêtons ça en attaquant méthodiquement la bouteille de Madère qui lui a été offerte à l'arrivée; ça lui rend , en plus, bien service, car il est impensable de s'en encombrer pour la deuxième étape