nous avons rendez-vous en fin d'après-midi avec notre amie Danièle qui vit à Mbodien;

sa maison est à 100 mètre de l'océan;

le plus simple, c'est d'aller mouiller devant chez elle, dans 2 mètres d'eau, sous le vent de sa plage....

départ de Saly sitôt avalé le déjeuner; avec 20 noeuds de vent au près bon plein, nous naviguons sereins, sans vagues, dans 5 mètres d'eau, et , à 17 heures, comme convenu, l'ancre est posée sur le sable devant notre Danièle qui fait des arabesques avec son paréo pour nous guider pile devant sa maison.

entre la plage où nous halons l'annexe et la maison de Danièlle, il y a une lagune qui se remplit et se vide à chaque marée;

c'est très amusant de traverser cette langue d'eau saumatre, à 6h de l'après-midi, dans 70 centimètres d'eau, pour aller passer une bonne soirée avec notre amie...

on boit de bons coups et on se régale, et on rigole, loin de l'agitation de la ville;

au moment de se séparer, au lieu de revêtir manteaux ou écharpe, tout le monde (sauf notre hôtesse ) enlève ses chaussures et son pantalon, et c'est en slip avec les godasses à la main qu'on fait le bisou d'au revoir; puis c'est le moment du fanchissement de la lagune, sauf qu'il fait nuit et le niveau de l'eau est bien plus élevé que cet après-midi....

le troupeau d'"explorateurs" à 2 balles se met en route; Malou ferme la marche en se bidonnant devant l'incongruité du tableau, et laisse son appareil photo clapoter gentimment dans son sac plastique percé.....

après quelques fous rires, nous regagnons notre Catafjord qui tire gentimment sur son ancre.

mardi matin, lever à 8 heures pour entrer dans le Siné-Saloum à pleine mer;

le trajet d'une vingtaine de milles est vite avalé avec un alizé musclé montant jusqu'à 28 noeuds

malgré la voilure très raisonnable que nous avons établi, le cata file souvent plus de 9 noeuds ( quelques pointes à 10,5 nds ), et nous franchissons les hauts-fonds de l'embouchure vers 12h30;

nous nous enfonçons dans le marigot de Ndiangane;

il faut faire très attention à ne pas nous échouer;

Malou surveille le sondeur et annonce la profondeur, cependant que Tintin, perché sur la timonerie tel un pélican alpin, surveille les changements de couleur de l'eau pour detecter les bancs de sable et donne la direction à suivre; je barre; Claire éduque le petit....

nous sommes mouillons en fin d'après-midi devant le petit village de Ndiangane;

c'est l'Afrique!

les pirogues bariolées sont sagement tirées sur la grève;

quelques "toubabs" habitués des lieux sirotent leurs mousses en faisant de la philosophie de comptoir ( j'aime bien );

un pêcheur négocie ses prises de la journée;

les mômes rentrent de l'école et viennent nous serrer la pince comme si nous étions de la famille...

j'ai commandé un boubou sur mesure à une couturière du village, avec des tissus très colorés;

livraison prévue mercredi en fin de matinée.....

mercredi: encore une journée bien remplie;

nous avons fait quelques connaissances hier soir, à la taverne de la plage, et invités le patron Serge et ses copines Vahi et Evelyne à venir visiter le cata....

puis, après un bon repas pris dans le cockpit en compagnie de Danièlle, nous partons en annexe pour une petite visite plus "intime" du Saloum;

cette embarcation nous permet en effet de cotoyer de plus près la mangrove aux pieds chargés d'huîtres, et peuplée de pélicans, d'aigrettes, de martin-pêcheurs, tout en passant par des petits marigots inaccessibles au Catafjord;

les majestueux baobabs se détachent comme dessinés en noir et blanc sur le bleu du ciel;

nous allons rendre visite à Iba et Awa, charmant couple de Sénégalais qui tiennent un petit "campement" sur l'ile de Mar lodj; il s'agit d'un lieu de villégiature composé de cases qui peuvent accueillir 6 personnes;

ça s'appelle "farakaba" ( tél 775 11 48 96 ou 775 64 68 83 ), et j'ai l'impression qu'il fait bon s'y reposer quelques jours; ça dépayse bien;

de retour à Ndangane, nous filons chez Victorine et Eléonoe pour prendre livraison de mon nouveau costume;

c'est prêt et tout à fait satisfaisant; Malou le trouve très seyant, et me demande déjà de le lui prêter!

Victorine est une personne passionnante; très active et sensée, elle mène ses affaires avec courage et opiniatreté; nous l'écoutons un bon moment nous parler de son Sénégal et de sa manière d'agir pour améliorer les choses; elle nous épate!

c'est vraiment une belle rencontre.

Sinon, dans un autre ordre d'idée, en ce moment c'est l'apprentissage du pipi-caca ailleurs que dans la couche pour notre grignou ( pour faire des économies surtout...);

aussi chacun scrute dans son charabia le plus petit début de syllabe genre "po" ou encore "ca" qui pourrait laisser à penser qu'il demande à s'assoir sur son trône en plastique afin de nous y dérouler un somptueux colombin;

quelquefois il n'y a rien, après le petit pet d'accueil..., ce qui m'inspire cette affirmation en forme de brève de comptoir:

"chez nous le gamin est tellement propre qu'il réclame son pot pour péter!"

nous sommes bien ici;

aussi, nous avons décidé d'entreprendre un des derniers gros boulot :

le déplacement de la poutre avant;

c'est un chantier qui nous immobilisera le bateau pendant une petite semaine;

en cette fin d'après-midi laborieuse, alors que nous attaquons le rangement des outils et le nettoyage, un drôle de bateau style "bande dessinée pour enfants" nous tourne autour;

c'est Georges et Laurence accompagnés de leurs amis Thierry et Josette qui s'interrogent sur notre cata et manifestent l'envie de faire connaissance;

Georges est artiste à Groix et a construit son cata en 2 semaines en "collant" côte à côte 2 coques de 7,25 mètres achetées dans un petit chantier de Dakar;

ce n'est pas un bateau marin, mais pour bourlinguer sur le Saloum, ça va très bien;

grand amateur de pêche sportive, il donne à Tintin moult conseils autour du ty punch de bienvenue pris dans son cockpit;

rendez-vous est pris pour une partie de pêche sur son bateau lundi ou mardi prochain;

après la petite balade à terre pour acheter du pain et des fruits, nous passons nous rafraichir le gosier dans le bistrot à Serge, où Enzo est devenu l'ami intime de toutes les filles de la cuisine et du service;

nous faisons connaissance avec Jaime qui se présente comme étant le plombier/éléctricien du village;

il vit ici depuis une dizaine d'années, marié à une jeune Sénégalaise, après une vie française un peu pas facile car il a passé 13 ans en taule et a tenté plusieurs évasions, avec, à chaque échec, un surcroît de peine....

il nous aborde en disant:" moi aussi j'ai un cata, un peu comme vous...", et il nous montre du doigt une embarcation style "vilain popaul" constituée de 2 coques en polyethylène rafistolées et assemblées avec 2 tubes galva!

dimanche: les grosses stratifications d'ancrage de la poutre sont terminées et nous sommes un peu las;

mais le plus dur est fait; encore 2 ou 3 jours et ce "chantier" sera achevé;

j'ai cru sentir que l"équipage n'en sera pas fâché......

le bateau est de plus en plus beau et efficace à chaque fois que nous rayons une ligne sur la liste, et ça me plait bien.

Lundi 14 janvier, comme il fallait s'y attendre, Claire fait son intéressante:

elle a 30 ans!

le programme de la journée est centré autour de cet évènement:

un petit peu de boulot sur le bateau, quelques commissions à terre, et Tintin prépare un festin pour le soir,

arrosé d'un vin de Madère de 1978 acheté à Funchal spécialement pour l'occasion.

mardi:

partie de pêche à bord du "nautilus" en compagnie de Laurence et Georges;

Georges est un passionné de pêche intarissable sur le sujet;

son bateau est herissé d'une multitude de cannes et engins de pêche divers, à tel point que je ne peux m'empêcher de songer que si j'étais un piosson, la seule vue de tout cet arsenal me ferait fuir ventre à mer....

il entreprend de "former" tintin à toutes les ficelles de son art.....

comme il se doit, le Saloum est très poissonneux, ça c'est sûr, par contre aujourd'hui, le vent n'est pas comme il faut, de plus il n'y a plus de saison, et, cette année, je ne sais pas ce qu'il ya, mais on ne prend plus rien....alors, ne vous étonnez pas si le résultat n'est pas miraculeux;

vers 11heures, nous beachons sur un banc de sable afin d'y prélever des coques en gratant simplementle le sable avec les doigts;

ça "donne" très bien, et en une demi-heure, le seau est rempli;

ça fait une excellente entrée pour précéder le taboulé que Malou a préparé avant de partir;

Georges connait bien cette région du Saloum, et les techniques qui permettent de remonter nombre de poissons tous plus gros les uns que les autres....

il nourrit une passion particulière pour les gros poissons, allant jusqu'à dédaigner le menu fretin (disons en dessous d'un kilo....)

hélas, ces satanées bestioles se foutent pas mal des idées de Georges sur la question, et seuls quelques specimens indésirables viendront dévorer notre kilo de crevettes d'appât....

bah, on aura en tous cas passé une bien bonne journée au grand air en compagnie de gens fort sympathiques; surtout que Georges est un bon conteur et qu'il connait une foule d'histoires comiques; de retour à Ndangane pour le ty punch du soir à bord du Catafjord tout le monde arbore le sourire satisfait du pêcheur qui n'a rien pris mais qui a plein de trucs à raconter.....

mercredi:

journée de boulot sur la poutre avant;

encore une,

mais nous commençons à voir le bout du tunnel, et projetons de quitter Ndangane dans 2 ou 3 jours;

se connecter à internet est ici bien difficile, et je me demande si vous aurez ce récit avant fin janvier.....

ça y est, la page "Ndangane" est tournée;

nous avons dérapé l'ancre à 8 heures ce matin, et, au terme d'une navigation de quelques heures, nous sommes mouillés tout près de la sortie du Saloum, devant une belle plage , et un petit village pas bien loin ( on voit le minaret d'ici).

hier soir c'était les adieux aux amis:

Serge, le patron de notre taverne de prédilection: "le tamarko"; nous nous reverrons peut-être à Mindelo pour le carnaval dans 3 semaines...

Laurence et Georges ont passé la soirée avec nous et nous avons diné dans le cockpit à la lueur des lampes à pétrole;

nous irons sans doute leur rendre visite à Groix lors de notre prochain pélerinage en France;

à Ndangane, nous avons cotoyé de près la vie d'un village africain, (avec cependant une petite activité touristique):

pas de cybercafé, pas de supermarché, aucune industrie, mais une foule d'artisans, menuisiers, ferronniers,tailleurs, bricoleurs en tous genres, et une quantité de petits commerçants qui vendent toutes sortes de choses dans des échopes plus ou moins rudimentaires ( certaines sont en carton et bois de récupération....);

ce n'est pas la misère, mais c'est tout de même très pauvre; tous ne mangent pas à leur faim chaque jour.

notre gros chantier de "déplacement de la poutre avant" est terminé, si ce n'est qu'il reste encore à raccourcir les filets de 50 cm