a Mindelo, prends donc ton verre, et surtout ne le renverse pas..." ( proverbe cap-verdien).

Il semblerait que nous ayons affaire à une parabole plus qu'à un proverbe, dont le message caché constituerait une mise en garde pour les maladroits signifiant:"si t'en renverse, t'en boiras moins!" (mathématique );

en même temps, ce serait plutôt une aubaine pour la santé des malhabiles concernés, car l'alcool local, sournoisement nommé "grogue", bien qu'il soit issu de la canne à sucre, n'a rien d'une friandise.

Imaginez un cocktail composé de 1/3 d'alcool à brûler, 1/3 d'acétone, 1/3 de décapant à peinture ( le décapant à WC ne convient pas: trop doux); eh bien ça ressemble à ça!

Evidemment personne n'a l'obligation de boire ça; mais si on visite des pays exotiques en ignorant les coutumes locales, autant rester au canal St Félix; c'est pas les boissons roboratives qui y manquent, non plus que les amis fidèles pour accompagner les libations jusqu'à la dernière goutte....

J'ai eu la chance de découvrir ce nectar samedi dernier, lors d'un concert en place publique offert par l'Alliance française; un brave pochetron en phase finale et venu s'asseoir près de moi, et s'est fixé comme mission de ne plus en bouger avant de m'avoir initié à la dégustation de cet immense produit local dont au sujet duquel il semblait tirer une légitime fierté; le pauvre a dépensé ses derniers centimes pour m'offrir un godet de quelques centilitres; je n'ai pas eu le coeur de lui remettre ça, considérant son état d'ébriété avancé( cependant que lui, avait bien du mal à avancer justement...);

en plus, il a pas été si courtois que ça, car il a dit "fokyou!" a Malou, ce qui l'a un peu contrariée...

je lui ai dit que ça signifie probablement "faux-cul" en créole cap-verdien, mais elle a persisté à penser différemment et nous avons été un peu en froid avec notre nouvel ami...

sinon , le concert était excellent ,

musiciens Maliens, tendance reggae; plusieurs instruments exotiques parfaitement maitrisés (en particulier un balafon et une éspèce de petit djembé qui se fixe sous l'aisselle avec une lanière et que l'on frappe simultanément avec la main et avec une sorte de baguette courbe: magnifique!)

aujourd'hui Lundi, nous avons "attaqué" gaillardemment notre semaine de rentier promeneur ( le boulot à coté, c'est "peinard...ou alors je ne me rappelle plus bien peut-être...) en allant faire un peu de communication internet au cybercafé, suivi d'une grande balade à pieds.

Grand bien nous en a pris, car nous avons fait des rencontres sympas

Ce soir, apéro-voisins avec l'équipage de "Fernand"; nous les avons cotoyé plusieurs fois au mouillage (à Dakar et à Ziguinchor), sans jamais les aborder pour faire connaissance; eh bien, ça va changer!

la soirée est animée et rigolarde; Véro et Bruno viennent de passer 3 ans en Casamance avec leur "méridien" (dériveur intégral en alu, très bon bateau)

Bruno est savoyard, aussi, pour "marquer le coup", Tintin sort sa "potion magique": la grolle!

Forcémment, mardi matin, réveil laborieux avec activité bruyante et incessante à l'intérieur des boyaux de la tête;

l'alizé est un peu moins musclé que ces jours derniers, mais l'éolienne ronronne toujours, et les batteries sont chargées à bloc.

on peut même passer l'aspirateur et faire le café avec de l'éléctricité gratuite!

lorsque les conditions climatiques sont favorables, comme en ce moment, c'est-à-dire soleil + vent, les panneaux solaires et l'éolienne nous fournissent toute l'énérgie nécessaire pour la vie à bord, sauf pour la machine à laver.

Rencontré à l'épicerie il y a 2 jours, nous avons vite sympathisé avec Javier Blanco.

Ce médecin anarchiste espagnol nous consacre sa journée et se transforme pour nous en guide touristique;

il partage sa vie entre Tenerife (iles canaries) où il a sa belle maison face à la mer et son cabinet médical, et Mindelo où il a son bar (pas le poisson, l'établissement avec des belles serveuses );

j'aime bien sa philosophie de vie, et lui, rêve de faire un jour un voyage comme nous, ce qu'il considère comme le summum de la liberté (alors que, bon, y a des contraintes! c'est vrai, des fois, il fait moins beau...)

Il nous fait visiter l'île en nous amenant dans des endroits typiques au milieu des autochtones ( pour les incultes: c'est pas une marque de bagnole...), et nous commente sa vision de ce qu'il connait de la mentalité cap-verdienne;

nous assistons au halage des barques sur la plage au retour de la pêche, et découvrons stupéfaits que nombre de locaux pêchent avec des bouteilles de plongée!

avec ce genre de méthode dévastatrice, il est probable que la ressource sera épuisée en bien peu de temps;

en tout cas, une adresse à retenir à Mindelo: bar "Xê-nu" (prononcez "chez nous"), facile à trouver, c'est en face du marché à 2 pas de la mairie.

Sao Vicente est une île plutôt austère, mais la cité de Mindelo, organisée autour d'une belle baie bien abritée, encerclée de montagnes arides, ne manque pas de charme, avec ses rues pavées et ses batiments coloniaux couleurs gâteaux anglais...

C'est aussi le centre culturel de l'archipel où s'expriment nombres d'artistes dans toutes sortes d'endroits typiques. Mindelo étant sur le trajet logique Europe/Caraibes voit défiler en permanence bateaux et navigateurs de tous horizons.

Vendredi; Javier se dévoue une nouvelle fois pour nous balader tout l'après-midi avec sa voiture; cette fois, c'est la côte nord, avec toujours villages de pêcheurs et immenses plages désertes....

Il y a encore ici un mélange de sérénité et de dénuement, mais le tourisme et se "urbanisation" galopantes est en train de s'implanter;

l'aéroport de l'île est en passe de devenir "international"; ce n'est plus qu'une question de mois....ensuite, ça ira certainement très vite.

Dans les villages, il n'y a pas l'eau courante (par contre on peut facilement y attraper la "courante", mais c'est autre chose...); aussi les femmes, souvent très belles, défilent dans les rues, la tête surmontée d'un bidon en plastique de 20 litres d'eau, qu'elles transportent depuis la citerne municipale jusqu'à leur modeste habitation. Elles ont souvent leur bébé dans le dos, emmailloté dans une étoffe;

ici la moyenne des femmes a 3 enfants à 25 ans; elles commencent à "produire" vers 14/15 ans....pas fénéants les cap-verdiens....

ce soir, comme chaque vendredi, c'est la fête hebdomadaire, et il ya de la misique partout: dans les bars, les restaus, sur les places publiques...

au "clube nautico", le groupe local joue une musique cap-verdienne aux rythmes sud-américains assez éloignés et plus entrainants que les traditionnels "mornas" mélancoliques d'ici