Fernando et Marcia sont là, encore une fois fidèles au poste, 3h et demie avant l'avion. Enzo est trop petit pour analyser ce qui se passe, mais il le ressent très bien. Son adorable petit visage n'a pas son éclat habituel, ses yeux ne pétillent pas, il arbore une expression mélancolique;

les bisous habituels sont vite distribués, et la clio noire s'éloigne dans la circulation....

la première "étape" est terminée. Les baordais ont débarqué, direction la France, dans un premier temps; rendez-vous dans 3 mois en Guyane.

Le "Catafjord" pour seulement Malou et moi, avec ses 18m50 de long, nous ne serons sûrement pas à l'étroit...

La vie et le voyage continuent.

Ce soir, nous recevons à bord nos amis Daniel et Françoise, accompagnés de leur voisin Thierry ( que des qui naviguent en catamaran....). Leurs conseils sont les bienvenus pour les croisières que nous projetons aux alentours dans les semaines à venir, et dont ils connaissent bien les destinations. Surtout Thierry qui vit ici avec son amie brésilienne depuis plusieurs années.

Nous commençons par le rio Paraguaçu, qui nous accueille avec un bon grain pluvio/venteux comme c'est pas rare, je dirais presque que ça le fait à chaque coup, mais bon c'est pas la question....

Nous avons fait la route depuis Ribeira comme des escargots: à la voile, à petite vitesse sous génois seul. Les rives du fleuve sont envahies d'une luxuriante végétation, clairesemée de loin en loin par une petite clairière hébérgeant quelques bipèdes humains...

A 16h, nous mouillons devant la ville de Maragogipe.

Après une bonne nuit de sommeil dans ce mouillage bien tranquille, visite du village. Dans les rues, nous ne passons pas inaperçus: ici, on voit peu de "touristes".

Les rues sont pavées et plutôt larges. C'est propre, pas miséreux, mais pas très prospère non plus....

beaucoup de maisons sont inachevées; la ville est "inondable"par fortes crues, et on peut voir des traces de moisi aux pieds des murs, ainsi que des éspèces de rehausses aux portes des maisons pour empêcher l'eau d'entrer....

curieusement, presque toutes les maisons possèdent des grilles métalliques plus ou moins ouvragées aux portes et aux fenêtres.

ça donne une idée d'insécurité que l'on ne ressent pourtant pas en se promenant dans les rues;

de nombreuse places aménagées sobrement de quelques arbres et de bancs publics permettent aux badauds que nous sommes de poser le cul quelques minutes pour contempler la vie des gens; d'ailleurs, ça marche dans les 2 sens, car ils nous "étudient" autant que nous les observons;

quelques enfants viennent échanger des mots avec nous, en se poussant du coude entre eux;

de rutilants pick-up croisent dans les rues les nombreuses charettes hippo-tractées et les vélos;

2 brésiliennes pas farouches nous hèlent pour que nous fassions des photos avec elles; les gens sont très spontanés ici;

De retour au "Catafjord", j'"invente" un petit cocktail à base d'aguardente pour nos invités Thérèse et Hubert;

ça semble leur plaire....

Samedi, c'est le jour du marché; les gens viennent de tous les alentours, s'approvisionner pour la semaine.

Certains viennent en pirogue; soit en famille, dans une embarcation taillée à même le tronc d'arbre, et mûe à la pagaie, soit à plusieurs dans des pirogues en polyester propulsées par de petits moteurs in-board à refroidissement à air ( genre moteur de motoculteur). Tout ce petit monde s'agite à l'extrémitédu wharf en béton de 300m qui relie le fleuve à la ville;

c'est pittoresque et très coloré;

ici, le moyen de transport de prédilection est la brouette;

nous sommes plusieurs fois sollicités par des jeunes "brouetteurs" qui nous proposent de transporter nos victuailles moyennant quelques réals..... mais nous refusons, car Hubert est costaud, et "il peut bien porter la bouffe, déjà qu'y fout rien de toute la journée...."

Ce matin, avant de partir au marché, j'ai fabriqué un grappin en inox pour le dinghy. Rien qu'avec des merdasses récupérées sur le bateau, et que j'avais refusé de jeter fort de ce que "ça peut servir". Eh bien, BINGO! ça a servi! C'est pas pour dire que j'ai raison de garder des saloperies, mais n'empêche, des fois, on est bien content de les trouver, pis ça rend bien service.....voilà, c'est ça que j'dis.

1m50.....1m20.....1m....0m80 aïe! ça y est, nous voilà échoués...nous avons dépassé il y a un quart d'heure le village de Sao Francisco de Paraguaçu, qui nous semblait bien accueillant, et, au lieu d'y faire sagement une petite escale dominicale, nous avons voulu pousser plus loin (comme disait le jeune marié....), jusqu'à Santiago do Iguape, sans carte, avec seulement une série de waypoints communiqués par notre ami Laurent; mal nous en a pris, car nous sommes à présent posés sur le fond du fleuve, dont le niveau va encore descendre pendant 2 heures. Et en plus, il pleut!

on va pas se laisser abattre: apéro; d'ailleurs c'est l'heure, il est moins l'quart;

vers14h30, à la faveur de la marée montante, Catafjord flotte de nouveau, mais il est temps de regagner notre mouillage de Maragogipe, qui nous reçoit encore sous un grain....

drôle de Dimanche, que nous cloturons en visionnant une comédie sur l'ordinateur, avant le diner;

à 9h, repus, une petite tisane et au lit!

grand soleil ce matin; un temps idéal pour une petite excursion.

nous passons cueillir un couple d'amis sur leur bateau, puis direction la station de taxi;

nous sommes partis depuis 2 ou 3 kilomètres quand tout à coup soudainement, c'est la crevaison;

notre chauffeur sort une roue de secours; ça démarre bien; puis un cric douteux, emmailloté dans un bout de chambre à air; là ça se gâte un peu car le bourrier est bien ruiné et refuse de soulever la tirelire d'un seul millimètre....

notre as du volant arbore un regard de mérou taciturne qui laisse à penser qu'on n'a pas le fion sorti des ronces...

fort heureusement, ici les gens sont rendants de services, et, au bout de pas longtemps, un type s'arrête et change la roue.

merci monsieur (muito obrigado senior; je vous le dis pour au cas où un jour un portuguais vous changerait une roue et que vous sauriez pas comment le remercier....)

nous arrivons sans encombre à Cachoeira, charmante ville coloniale, sise le long du Paraguaçu, à 22 km au nord de Maragogipe;

c'est très animé; d'autant qu'une équipe de cinéma a envahi la ville depuis un mois pour tourner un film sur la conquête de l'indépendance ( le titre c'est "équador" );

il y a une quantité de choses intéressantes à voir ici, dont une fabrique artisanale de cigare, dans laquelle de nombreuse femmes très zélées se les roulent toute la journée....

l'ambiance en ville est très plaisante; on serait bien restés plus longtemps, mais il est préférable de rentrer au bateau avant la nuit, car la récupération de l'annexe est un peu acrobatique ici;

c'est ce que nous faisons, sans encombre cette fois.....