mercredi 24 septembre:

les "bab" ont quitté le bord hier direction la Guadeloupe; notre petit-fils nous a régalé de sa malice et de son affection pendant les 2 semaines où il était avec nous; il est allé avec sa Mamylou apporter lui-même, dans sa main, 2 bébés tortues à peine sorties de l'oeuf; Malou avait déniché sur la plage, le nid d'une de ces impressionnantes tortues-luth ( et non pas tord-turlute, ce qui ne veut rien dire du tout...) qui peuvent peser jusqu'à une tonne! un nid contient une centaine d'oeufs enfouis dans le sable, et, quand les petites tortues sortent, elles doivent encore traverser toute la plage sans se faire dévorer par un oiseau ou un chien avant de retrouver leur élément.

Nous avons décidé de lambiner un peu en Guyane avant de rejoindre les Antilles; pour nous y rendre, nous devons traverser une zone météorologique désagréable: la zone de convergence intertropicale surnommée "pot-au-noir"; il s'agit de la zone frontière entre les alizés de nord-est qui soufflent en atlantique nord, et les alizés de sud-est de l'hémisphère sud. Or, cette frontière, théoriquement située sur l'équateur, se déplace avec les saisons. En ce moment, elle est au nord de la Guyane, mais elle devrait bientôt redescendre, laissant les calmes plats et les grains violent faire place à l'alizé; pour le moment, nous allons faire un peu de tourisme aux iles du salut et sur le fleuve Maroni.

Ce soir, à Matoury (11 km d'ici), c'est la fête à l'occasion des biennalles du marronnage; nous allons nous y rendre;

c'est super! le présentateur annonce: "c'est un plaisir pour moi de vous présenter, comme chaque année, ces biennalles du marronnage.....etc...."; les chants et danses traditionnels se succèdent, avec des groupes différents toutes les demi-heures, pour laisser place, en milieu de soirée, à des jeunes rappeurs et à des groupes de reggae; nous faisons un peu pâles figures dans cette assemblée d'environ 15000 personnes en grande majorité noirs; l'ambiance est très familiale; beaucoup de gens viennent avec leurs troupeanx de petits chieurs.....; il y a beaucoup d'artistes Guyanais, mais aussi des invités de la Dominique, du Brésil, et même du Suriname.

Depuis que nos babordais sont repartis à la pêche au superboulot payé un max, Malou et moi avons ressorti les outils de bricolage pour assumer l'entretien et les petites améliorations de notre capital commun;

je ne voudrais pas que d'aucuns s'inquiètent de nous voir affectés d'une redoutable et épuisante bricolinite chronique aigue (vous savez cette maladie affligeante qui pousse des quidams à bricoler à tout bouts de champs, pour un oui ou pour un non;

rassurez vous, les amis, il n'en est rien; tout va bien pour nous; on bricole plus par nécessité que par vice.....

non, c'est plutôt que, pour le moment, nous n'avons pas encore vu le néon de la cuisine ou l'autoradio, tous deux en panne, se réparer tout seuls; et comme on ne peut pas aller à Lourdes avec le bateau car il a trop de tirant d'eau.....il ne nous reste plus qu'à s'y coller; j'ai commencé à équiper la cabine d'invités d'un petit lavabo; celui-là même qui est à bord depuis le début, et qui ne s'est jamais décidé à se mettre en place de lui-même.....j'ai fini par initier le rapprochement avec l'aide de la scie sauteuse..... ça semble plus efficace.....

mouillés à Dégrad des Cannes , à proximité de la marina, la vie s'écoule au rythme guyanais: doucement, doucemanette....seuls quelques embouteillages qui affectent la circulation à Cayenne aux heures de pointe rappelent vaguement l'agitation de nos cités européennes; sinon, ici, il y a le temps pour tout.

La soirée de dimanche est de nouveau consacrée aux musiques marronnes, en compagnie, cette fois, de Sylvie et Richard; le programme débute par un steel-band assez médiocre, mais ça s'arrange bien par la suite; en particulier, les brésiliens qui font de la capoera sont de véritables acrobates: un régal! Un groupe de musiciens et chanteurs de gospel a fait le déplacement depuis Londres ( rassurez vous, c'est des londoniens noirs ) pour notre plus grand plaisir. D'autres sont venus de Guadeloupe, et tous nous offrent un beau moment de musique et de rythme.

Place des palmistes, à Cayenne; nous nous posons en terrasse, Malou et moi, pour une frugale collation ( c'est un autre jour; on n'est plus aux biennales du marronnage; faut suivre svp )

le serveur revient au, bout de quelques minutes, avec notre commande, cependant que Malou s'est absentée pour la "petite commission";

-"le café, c'est pour qui?" qu'y dis le gars

-"pour Madame"

il le pose sur la table, attrape le verre de jus d'orange qui est sur son plateau et ajoute sans sourciller:

-"et le jus d'orange, c'est pour qui?"......

mercredi 1er octobre:

nous avons bougé le canote hier après-midi; pour remonter un peu le fleuve Mahury jusqu'à la crique Gabrielle, à 6 milles; nous avons eu la désagréable surprise de constater que le bateau n'avançait pas au moteur et nous étions limite "non manoeuvrant"! je pense que les hélices se sont chargées en coquillages pendant nos 18 jours d"escale à Dégrad des Cannes; il va falloir que je plonge les nettoyer; mais l'eau du fleuve est très chargée en alluvions, et la visibilité est d'une vingtaine de centimètres.....pas cool

Malou a consacré du temps à charger sur l'ordi de navigation les cartes nécessaires à la poursuite du voyage jusqu'aux Antilles; aussi, dans quelques jours, nous reprendrons la route pour les îles du salut;

hier j'ai ressorti le saxo....y a du boulot....

Malou m'a dit: "joue moi "love me tender, love mon trou!""; je lui ai joué en Do car ma partition est en Do, mais le soprano est en Si bémol.....je sais pas si vous voyez.......y a du boulot je vous dis

vendredi 3 octop:

les hélices, c'est fait depuis 2 jours! y avait matière à se bouger le popotin ( comme aurait pu le dire la jeune mariée....): facilement 2 centimètres d'épaisseur de coquillages et concrétions agglutinés sur les pales, les moyeux, les chaises, les arbres, bref partout! ça m'a pris plus d'une heure pour gratter ça en apnée avec 20 centimètres de visibilité; pas étonnant que rien ne marchait.

Je racontais que Dégrad des Cannes c'est calme.....mais ici, ça l'est encore plus! on est au milieu de la forêt, avec seulement un pont à 200 mètres de nous, sur lequel il passe peu de monde, et un petit camp militaire sur la berge en face, équipé d'une barge et 2 pirogues.....on ne les entends pas beaucoup

nous profitons de cette quiétude pour faire avancer les bricoles sur le canote;

puis nous nous rendons au village voisin de Roura avec l'annexe, pour faire quelques emplettes chez le chinois; une grande majorité des commerces sont ici tenus par des asiatiques; ils ont des produits très convenables à des prix souvent meilleurs qu'au supermarché ( dans les villes )

ici, l'eau est très peu salée à marée descendante, et je nourris l'espoir que ça mettra un peu à mal les nombreuses bestioles qui ont élu domiciles sur nos coques......