mardi 30, journée bien remplie: dès 7h30, nous quittons l'excellent mouillage de Clarke's court bay, direction Prickly bay distante de 4 milles environ, pour une escale éclair d'une heure; il s'agit de restituer à Budget marine les batteries défaillantes que nous leur avons acheté samedi dernier, et qui sont non seulement inchargeables, mais dangeureuses, car elles s'échauffent énormément lorsqu'on les connecte au chargeur; le manager de la boutique nous rembourse sans difficulté, et nous pouvons repartir vers notre prochaine escale; 2 heures de moteur sous le vent de Grenade, puis 18/20 nds de vent bien dans le pif au nord de l'île; nous ne resistons pas à l'envie de tester nos coques propres et rallions Tyrell bay à Carriacou en tirant des bords; le canote marche très bien, ça fait toujours plaisir; arrivés vers 17h, nous mouillons sous le vent de la soixantaine de bateaux qui sont déjà dans la baie.

mercredi 30; lorsque nous étions enfants, notre mère nous avait transmis une tradition hautement culturelle qui consiste à faire, le 31 décembre, moultes plaisanteries plus ou moins grivoises, en les ponctuant d'un tonitruant "cul del'an", un peu comme on fait le premier avril, sauf que là c'est pas en avril puisque je viens de vous écrire que c'est le 31 décembre, vous seriez gentils de suivre un peu.....mais je m'égare....ainsi donc, en ce début de 31 décembre, nous dormions paisiblement du sommeil légitime de ceux qu'ont louvoyé la veille, quand, vers 6h30 du matin, nous sommes reveillés en sursaut par un choc bien violent sur le bateau, immédiatement suivi d'un vilain bruit de bois déchiquetté....."cul de l'an!"! c'est ce satané Roland Schultz, capitaine américain d'un très joli voilier de 35 pieds robustement construit qui vient de percuter avec force l'étrave tribord du Catafjord! je sors accompagné de ma nudité et de ma pépette pour faire connaissance avec ce brave homme, désemparé sur son embarcation en panne de transmisson, et qui n'en finit pas de s'excuser; sitôt mon redoudable caleçon kangourou qui fait tant d'envieux enfilé, "j'expertise" l'impact et constate que notre éperonneur a percé le flotteur sur 10 cm de long! pas trop content, je lui en fait part avec une raisonnable proportion de politesse et de mauvaise humeur; notre homme, courtois et de bonne foi, propose de mouiller son canote un peu plus loin et de nous recevoir à son bord pour négocier un dédommagement; ce que nous faisons quelques minutes plus tard, mettant ainsi un terme avantageux à ce "cul de l'an" un peu hard; je ne vous dirais pas la somme rondelette qui figure sur le chèque de captain Roland, car je redoute toujours d'être lu par un de ces félons agents du fisc qui se faufilent partout sournoisement pour ne nous laisser que des miettes de ce que nous avons durement et légitimement gagné, on n'est jamais trop prudent, suivez mon regard....et pis, ça me fait un peu de boulot, et pendant que je fais ça , je suis pas au bistrot.....

nous retrouvons à la nuit tombée, nous amis d'Embés, ainsi que Colette et Nicolas qui naviguent sur leur superbe dériveur Garcia (ils ont un peu les boules, car, tout Garcia qu'il est, leur canote n'a pas été fait comme ils le souhaitaient, et ça agace prodigieusement Nicolas....) et partons ensemble fêter le nouvel an dans une gargotte locale devant un sympathique steelband;

minuit...... champagne à bord de Xing ( le Garcia 56 ), tir de fusées de détresse en guise de feux d'artifice....2008 est échue, vive 2009!

après une matinée bien calme pour cause de lever tardif, nous abordons l'après-midi avec une grande ballade à pied; le but est d'aller rencontrer Sally. Nous ne savons pas qui est Sally; un gars du village de Woburn, dans le sud de Grenade, nous a dit d'aller la voir pour la saluer de sa part si nous passions à Carriacou.....alors, nous y allons; environ 3km à pied, et nous la trouvons; petite quinquagénaire aux yeux bleus, originaire d'afrique du sud, elle est dynamique et truculente; nous buvons ensemble du thé additionné de rhum ( c'est drôlement meilleur que sans ), et elle nous présente ses nombreux copains et copines; le temps d'une petite promenade sur "paradise beach" derrière chez elle, et c'est déjà le moment de se quitter; quelques crêpes dégustées à bord du bateau de Jean-françois en rentrant, et voilà un très honorable premier de l'an!

Le 2 est consacré aux formalités de sortie de Carriacou le matin, et à la navigation vers Union l'après-midi, après avoir été saluer les d'Embés et les suisses ( Colette et Nicolas ); toujours le vent dans le pif, mais c'est seulement une quinzaine de noeuds et il n'y a que 10 milles à parcourir; vers 17h, nous mouillons sous le vent se l'île Frégate, certains que le mouillage principal de Ashton harbour est trop encombré. En fait, c'est faux, car , les vacances scolaires se terminant, il y a beaucoup moins de monde......et nous aurions pu y trouver un endroit pour plonger la pelle; mais, bon, Frégate island, c'est très bien aussi; le mouillage est très venté, mais peu rouleur. Après les incontournables formalités d'entrée, effectuées ce samedi matin, quelques travaux d'entretien nous remplissent l'après-midi: il y a un peu d'eau dans les fonds, et nous craignons une fissure consécutive à l'abordage de l'américain, mais non; vérifications faites, nous avions simplement mal verouillé le capot de peak avant lors de notre dernière remontée au près, et il est rentré une quinzaine de litres d'eau par là; par contre, notre déssalinisateur est en panne......il faut toujours qu'il y ait un truc qui va de travers, je sais pas si ça vous le fait aussi....bref: 2 heures de boulot en position malcommode, et ça remarche, mais il y a une pièce défectueuse à changer dès que possible; pour finir la journée en beauté, je coupe les cheveux à Malou, et elle nous prépare un bon repas....

Dimanche 4: traversée Union /Bequia ; l'alizé est vigoureux: 18 à 22 nds de vent au près; sous grand-voile, artimon et génois tous à 1ris, nous avalons le trajet à presque 9 nds en "déposant" quelques monocoques; tout le monde s'en fout, mais, moi, ça me fait toujours plaisir.....y'a pas à dire, ça marche vachement mieux avec les coques propres; hélas, il y a encore de l'eau dans le flotteur tribord à l'arrivée. Re investigations, et, cette fois, c'est résolu: le capot du peak avant s'est déformé en pinçant un bout' par mégarde; je le redresse, et le problème est maintenant réglé; reste à installer un nouveau feux de mouillage, car l'autre a été arraché par les bosses de ris lors de l'envoi de la grand'voile.....la navigation en mer, c'est pas exactement comme la navigation sur un long fleuve tranquille.......