la "Bucket", ça vous dit quelquechose? moi non plus jusqu'à hier. C'est l'abréviation de "St Barth Bucket regatta"; une féerie! c'est là que la pauvreté de mon vocabulaire , qui n'a d'égal que l'immensité de mon admiration pour les beaux bateaux, va risquer d'éclater au grand jour comme un feu d'artifice du 14 juillet, ou de n'importe quel autre jour de l'année avec feu d'artifice genre "14 juillet", si vous me suivez....; c'est pas 10, c'est pas 20, c'est pas 30, c'est 35 des plus fabuleux voiliers de la planète qui sont réunis pour 3 jours de régate dans les eaux de St Barth, voiles gonflées par l'alizé, un des vents les plus sympathiques que je connaisse, sauf que j'en connais pas tant que ça.....Parmi les plus fameux canotes ici présents sous nos yeux ébahis , "Ranger", une réplique du classeJ qui a remporté la coupe de l'América en 1937, "Maltese Falcon", un monument de technologie de majesté avec ses 88 mètres de long et son gréement à 15 phares carrés deployés électriquement sur 3 mats en carbone autoportés.... ils font tous plus de 33 mètres car c'est la taille mini pour pouvoir prétendre participer; ils s'élancent chacun à son tour vers midi pour un corps à corps autour de St Barth; les moins rapides partent en premier et c'est une fusée en carbone répondant au doux nom de "Léopard 3" qui franchit la ligne en dernier, avec 1h15 de handicap sur le premier, à combler en à peine 2 heures! ainsi, l'arrivée groupée en milieu d'après-midi nous donne droit à un spectacle rare et époustoufrilsantt! avec le dinghy, nous nous faufilons entre les gros motoryachts aux abords de la ligne d'arrivée, et sommes ainsi aux premières loges pour les voir défiler à pleine vitesse toutes voiles dehors devant nos yeux hagards (du nord-est car c'est l'alizé....). Puis nous rejoignons en quelques minutes notre Catafjord mouillé à un jet de chique de là. Sur le trajet du retour, surprise incroyable, une dame nous hèle à grands moulinets de bras depuis le pont d'un des bateaux les plus rapides ( un 35 mètres plan Briand tout en carbone, qui se nomme "P2"; d'ailleurs, entre nous, je n'aimerais pas trop qu'on m'appelle P2.... mais bref); nous, on se dit:"ça peut pas être pour nous, on connait personne chez les milliardaires" (on a bien quelques potes pas trop misérables, mais là, c'est une autre échelle....), eh ben si! c'est pour nous! c'est une américaine avec laquelle nous avons bavardé lors d'une balade sur la plage il y a 2 jours, et elle nous a reconnu.....incroyab non?, vous imaginez le tableau: en passant à 50 mètres de ce maxi yacht flambant neuf avec notre Newmatic orange de chez Rigiflex "made in Jeanneau", on nous hèle bruyamment comme si nous étions Obama en blanc.....c'est dingue je trouve!

bon, tout ça c'était vendredi; ça recommence aujourd'hui samedi et puis encore demain devinez quoi: Dimanche.

Autre moment heureux de cette escale, les retrouvailles de nos amis Françoise et Henri Treu; ils sont les heureux propriétaires d'un superbe Lagoon 570 qui leur permet se sillonner les Caraïbes et les Bahamas entre 2 séjours dans leur maison de Palma de Majorque. Nous passons de bons moments avec eux ( Henri était le patron de Métalu à l'époque où nous avons construit le "Ville de St Nazaire", en 1980; souvenir, souvenir....)

c'est en leur compagnie que nous assistons aux départ de la régate de Dimanche, 500 mètres devant nous, tranquillement installés dans le cockpit du Catafjord en buvant du bon vin et en grignotant toutes sortes de déliciosités que Malou apporte sur la table au fur et à mesure qu'on les engloutit.....puis, les agapes à peine terminées, les premiers arrivent sous spi ou gennaker nous offrant à nouveau un show grandiose. Y'a pire comme situation.

un truc super impressionnant et original à St Barth, c'est les avions: leur piste d'atterissage est située derrière la ville de Gustavia en bas d'une petite "montagne", et elle est très courte ( comme disait je ne sais plus quelle jeune mariée, mais pas la mienne); ce monticule très abrupt barre l'accés de la piste en arrivant du ciel; résultat : atterir à St Barth relève de l'acrobatie et est reservé à une élite de pilotes, car il leur faut "raser" la montagne à moins de 10 mètres de haut, puis "plonger" vers la piste en prenant de la vitesse, avant d"arrondir" pour poser le bazar avant la fin de cette satanée piste courte.....que c'est la mer qui est au bout pour accueillir ceux qui se loupent....le trip sympa, c'est d'aller en haut de la colline, juste dans l'axe de la piste, et de regarder l'avion arriver pile en face comme s'il allait se scratcher sur nous! frissons garantis.....par contre, je le dis pour les malpolis, il faut éviter de faire un bras d'honneur au pilote de l'avion au dernier moment, car on rique de se le faire débiter par l'hélice comme une mortadelle chez le charcutier, et après c'est malcommode pour se gratter l'oreille ( et pas que l'oreille....)

Lundi: clearance de sortie à 8 heures, puis nous dérapons l'ancre, laissant tous ces milliardaires à leurs tristes destins, pour cingler vers St Martin, atteinte sous génois seul vers 14 heures; la page St Barth est tournée. Nous ne retrouverons pas de sitôt une telle concentration de magnificence nautique; mais ici, il y a "les mardis de grand case" et ça vaut aussi le détour....