Badinguet est un super Maramu à une seule coque (petit "play on asthme" qui me fait tousser de joie.....)équipé par un couple de fort agréable compagnie, Pascale et Nicolas, qui ont eu la géniale idée de nous inviter à bord de leur fringant croiseur pour un apéro dinatoire. Nicolas a pris, il y a quelques jours, un bel espadon de 2m40 et 40 kilos, lequel accomodé façon carpaccio, nous est servi à profusion pour accompagner les boissons faiblement alcoolisées nécessaires à une efficace lubrification des glottes, toujours très sollicitées lors de ce type de réunion. Un régal!!! Et, cerise sur l'aileron, on s'instruit! En effet, en fin de soirée, que l'on pourrait aussi appeller "début de matinée" tant le temps s'enfuit rapidement, je me vois dans l'obligation de constater un phénomène physique, je dirais même médical, dont je n'aurais jamais soupçonné l'éxistence, et dont aucun des plus grands experts en apéro qu'il m'a été donné de cotoyer n'a jamais fait état; et pourtant, c'est à présent scientifiquement prouvé! Et donc, c'est avec beaucoup d'honneur, et un brin de fébrilité limite parkinsonnienne que je vous en livre l'énoncé: "quand on mange de l'espadon cru en assez grande quantité, ben, à la fin, on est beurré". Je suis très fier d'avoir, par cette découverte, aussi majeure qu'imprévue, apporté ma modeste contribution à la connaissance médicale et poissonnière enfin réunies.

Nous sommes ancrés en baie de Cartagène depuis 4 jours, presque en face de l'ex "yate clube", lequel, récemment frappé d'alignement, revêt en ce moment un caractère de chantier de gros oeuvre bien trempé ( ce qui est plutôt de bon ton pour un établissement dit "nautique"). Cependant, ce désagrément ne s'avère pas trop pesant dans la mesure où nous faisons ici une escale de grande qualité. Outre les facilités d'intendance apportées par la proximité d'un supermarché bien achalandé en produits peu onéreux, l'accès à la ville historique se fait après un petit quart d'heure de marche à pieds, et, là, c'est un ravissement. D'abord, cette citée n'est pas du tout une simple vitrine pour touristes, mais bien un lieu de vie . On y trouve une multitude d'échoppes ( et pas seulement de bière....) abritant, couturières, réparateurs d'ordinateurs, cordonniers, dentistes, marchands d'ampoules éléctriques, mécaniciens, et, évidemment, des tas de petites officines de 15 m2 où 2 femmes s'affairent à vous préparer un repas à 2 euros. On rencontre ici une quatité inhabituelle de places, monuments, édifices, musées qui donnent à penser que l'on peut passer des mois avant de manquer de sujet d'émerveillement . Et puis, les colombiens sont des gens agréables, facilement souriants, fréquemment serviables et enjoués. On retrouve bien des similitudes avec le Brésil.

lundi 9 novembre: depuis plusieurs jours, nous avons déambulé en ville de manière erratique, passant plusieurs fois au même endroit, et en éclipsant d'autres; aujourd'hui, plan de la cité historique en main, nous suivons un circuit "optimisé"; je sais, ça parait bizzare de dire ça de cette manière, mais ici, c'est justifié tant cette ville recèle une importante concentration de centres d'interêt tant du point de vue esthétique qu'historique, (et même hystérique, car c'est bientôt l'élection de Miss Colombie,.. aïe...aïe...aïe....).Chaque rue, chaque place, chaque monument, est à la fois agréable à l'oeil et chargé d'histoire. On ne compte pas les imposantes portes de bois, datant parfois du XVIIème siècle, hérissées de gros "clous" de bois ou de bronze comme autant de furoncles décoratifs et vaguement inquiétants. Les façades rivalisent de charme avec leurs couleurs ocres, rouges terres, beiges, moutardes, mayonnaises, ketchups....( qu'est-ce je raconte?.....) leurs balcons à encorbellements garnis de ballustres en bois tourné. Chaque détour de rue révèle une statue de bronze, ou un couvent du XVIIIème reconverti en université ou collège, à moins que ce ne soit un musée. Nous prenons le temps de visiter celui des arts modernes: les oeuvres très originales sont admirablement mises en valeur dans cet écrin de pierres de lave et de briques parfaitement authentiques. Sans déc: Cartagène, vaut le détour.

Le canote est ancré dans une immense baie totalement fermée: de jour, le décor n'est pas mirobolant; le terminal container est à 300 mètres, et de tous cotés, ce ne sont que buildings plus ou moins filiformes, dressés au ciel comme des doigts d'honneur en béton; on se croirait dans un manhattan de lilliputiens.....mais, dès que l'astre solaire tire sa réverence, ce décor citadin jette son costume de crapaud pour revêtir celui de fée de lumière, à la fois magique, insolite, et même rassurant. Parfois, un orage met entre parenthèse pour quelques heures le "coté rassurant", et alors, au contraire, les éclairs viennent ajouter un ton d'angoisse, accompagnés qu'ils sont par des grondements de fin du monde.....certains potes naviguants nous ayant, au préalable, largement détaillé les avaries subies antérieurement par des malchanceux lors d'orages particulièrement destructeurs, il faut se concentrer très fort sur la contraction des sphincters pour ne rien laisser échapper, comme on dit dans les associations gériatriques, mais ceci est un autre sujet ( c'est marrant, dans le dico, "sphincter", c'est juste à coté de "spinnaker"; les académiciens, des fois, on se demande.....); bref, je ne vais pas vous raconter l'orage, y en a qui connaissent déjà.

Rentrant de notre belle journée de piètonnement urbain, la magie du voyage nous donne à connaitre l'équipage d'un cata qui a bien attiré notre attention hier, lors de son arrivée: le canote de 58 pieds, sans mât, a été fabriqué au Pérou, et est en convoyage, équipé d'un américain à béquilles et d'un Péruvien en bonne et dûe forme qui le conduisent à Margarita, en vue de lui faire terminer son armement, dernière étape avant sa livraison à Miami. Superintéressant! et Valério nous a bien donné envie de faire un petit détour par le Pérou, avant de traverser le Pacifique....à suivre

Et puis, dans le cadre des bons moments, il y a aussi le retour de nos amis Stéphanie et Josselin, que nous avions retrouvé trop brièvement aux Testigos et qui viennent aussi pour quelques jours à Cartagène avant de se rendre aux San Blas, comme nous....on devrait donc avoir un peu l'occasion de passer quelques bons moments ensemble; mais, dans l'immédiat, c'est un peu délicat, car, avec les fêtes de l'indépendance, les rues sont bondées de monde, et, suivre les défilés où tout le monde est au coude à coude, avec deux mômes en bas âge, c'est moyen.