lundi 15 février: on est très bien au yacht club de Puntarenas; c'est vrai; Carlos, le gérant, est un gars rendant de service, ainsi que tout son personnel, et surtout, le canote est en sécurité, amarré entre ses 2 bouées et surveillé nuit et jour. Mais, pour autant, il faut penser à montrer à nos finistériens, d'autres aspects du Costa Rica, et c'est avec joie que nous larguons les amarres, dans l'après-midi, dès que la marée nous donne assez d'eau pour sortir. Le coté nord de Puntarenas, sorte de bidonville où sont agglutinés une ribambelle de petits bateaux de pêche souffreteux, défile sous nos yeux avant que nous ayons dépassé l'extémité de l'isthme; puis une demi-heure de navigation au moteur nous projette à l'île San Lucas. L'arrivée avec mouillage au coucher du soleil apporte à nos invités leurs premiers moments de vraie croisière: seuls au mouillage, petite baignade avant l'apéro, et nuit tranquille....

mardi 16 février: toute la petite équipe se rend à terre en dinghy; débarquement facile grâce au wharf en béton complété de son escalier; ce débarcadère a permis pendant de nombreuses années d'acheminer l'ancienne population carcérale de l'île; une petite visite guidée du pénitencier en ruine nous laisse entrevoir ce qu'était la vie de ces gens. Tout est resté en l'état depuis le départ des derniers pensionnaires, il y a environ vingt ans de celà. Cependant, un chantier de réhabilitation est en cours, et nous croisons quelques jeunes gens, sans doute maigrement rémunérés, qui trimballent leurs brouettes de sable, en ahanant sous le cuisant soleil tropical. Nous profitons du sentier, resté dans un état très convenable, pour traverser l'île et nous offrir une bonne baignade à playa coco. Puis, après déjeuner, il est décidé de déménager et de faire un peu de route à la voile; quelques bords et quelques heures plus tards, l'ancre tombe dans une jolie anse bien abritée de Isla Muertos, juste à l'heure de la belle lumière.

mercredi 17 février: cette île privée n'est habitée que par un gardien, accompagné de son frère, pêcheur; il nous y accueille fort gentiment, nous indiquant le sentier de promenade; il y avait ici un hotel certainement sympa, mais aujourd'hui, tout est en ruine.... ce qui ne nous empêche pas de faire une agréable ballade, gravissant la colline tapissée d'un épais matelas de feuilles mortes qui crissent sous les pieds et foutent par terre les maladroits....les mômes pleurnichent que ça égratigne; y en a même qui parlent de "blessure"..... Pendus comme des fruits vivants dans les hautes branches, une famille de singes hurleurs nous contemple béatement , semblant s'interroger sur les raisons de notre présence dans leur domaine. Une nouvelle petite heure de navigation après-déjeuner nous amène à l'île Jesusita; ça se prononce "réssoussita", ce qui inspire à Régis ce bon mot: "après Muertos, Jesusita....c'est de bonne augure".....quel déconneur ce Rèdge! et c'est ici que nous faisons connaissance avec le "papagayo", ce vent typique du nord Costa-rica qui peut souffler en tempête; actuellement, il ne dépasse pas les 25 noeuds, ce qui est très supportable. Durant ce dernier court voyage, une brave carangue s'invite à bord par la ligne de pêche, pour la plus grande joie des enfants et de leurs parents; la croisière s'amuse.....

jeudi18 février: Papagayo a dû avoir vent de ce que j'ai écrit hier à son sujet, car aujourd'hui il a décidé de nous montrer qu'il n'est pas forcémment que pépère; ça souffle de plus en plus fort, cependant que la journée s'avance, et je finis par prendre la décision de déménager, le fort clapot rendant le mouillage inconfortable. Une heure plus tard, nous arrivons en baie de Ballena, bien mieux protégée, après avoir goûté en route aux rafales de presque 40 noeuds. La journée se termine par une balade en dinghy sur le rio Tambor, au milieux de la mangrove et des oiseaux avec des plumes, des becs et toute cette sorte de choses qu'ont les oiseaux......et c'est beau! allez, faut rentrer, c'est l'heure de se rincer les dents....

lundi 22 février, 7h du matin: nos 3 cow-boys sont levés depuis plus d'une heure déjà; pourtant, tout est silencieux à bord; leur bonne éducation leur permet de s'occuper sans reveiller les parents, et nous non plus, par la même occasion. Au début, ils démarraient leurs journées au lever du jour,.....à 5h30!!!! maintenant qu'ils ont assimilé le décalage horaire, ils "tiennent" jusqu'à 6 heures fastoche! dans quelques jours, ils vont pouvoir recommencer la démarche dans l'autre sens pour reprendre le chemin de l'école; c'est le lot de tous les vacanciers. Une occupation majeure consiste à compulser patiemment le livre de poissons pour tenter de définir la nature exacte des dernières proies qui ont rejoint le frigo. C'est une belle carangue transpercée hier par la flèche de mon fusil-harpon qui a fait l'objet de l'étude de ce matin, immétiatement complétée par celle du poisson porc-épic qui s'est pris d'amitié pour l'hameçon de Régis; s'ensuit une séance de dessins dans le cahier de vacances qui permet d'immortaliser ces évènements. Les îles Tortugas qui nous hébergent depuis hier, sont magnifiques pour la baignade et la plongée. Des dizaines de "Ticos" les envahissent le dimanche, arrivant de la ville par bateaux entiers, mais, dès 17heures, nous y sommes seuls au mouillage, qui, avec ce temps clément, est simplement paradisiaque. Les 3 ou 4 bains quotidiens nécessaires au bien-être de nos bretons se prennent ici sans difficulté aucune, dans une belle eau claire à 29°c; soit depuis les jupes arrières du Catafjord, soit depuis une plage de sable blanc que nous atteignons en quelques minutes avec le dinghy. Là, les mômes équipés de masques et tubas évoluent dans un aquarium et se régalent à l'observation de poissons multicolores, et vachement beaux en même temps, c'est vous dire! Quand à la carangue d'hier, incinérée sur la plage la plus proche de son ancien lieu de vie, en compagnie de petites pommes de terre enveloppées dans du papier alu, elle contribue activement à la réussite de notre barbeuc de robinsons; en signe de reconnaissance, nous n'en laisserons pas une miette.

mardi 23 février: visite du refuge de vie sauvage de Curù; nous découvrons, sur les sentiers aménagés, de nombreuses empreintes d'"homo quechuarus"; ce bipède, qui se fournit en godasses chez Décathlon, se trouve en grande quantité dans toutes les réserves et autres parcs animaliers, aux heures ouvrables. Le soir, il rentre dans sa tanière, se vautre devant ses boites à images, et copule avec sa femelle de temps en temps pour favoriser la récolte des "zalloques". Entre deux groupes de ces captivants mammifères, il nous est donné de rencontrer quelques singes ( pour nous, l'interêt est limité en ce moment, vu que nous hébergeons 3 ouistitis en vacances....), quelques papillons, 4 ou 5 piafs, 3 iguanes, des fourmis, mais bon! rien à voir avec l'impressionnante liste de bestioles qui figure sur le dépliant publicitaire du refuge....., c'est pas grave; nous faisons une très belle balade en forêt, et, à la fin, hop!, une bonne petite mousse avec Redge sur le Catafjord! et ça, c'est pas dégueu.

mercredi 24 : Redge remonte un beau thazar d'un mètre pendant le trajet qui nous mène à Isla Cedros. Les mômes, tout excités, piaillent comme des cigales en été dans le midi, disons entre Nîmes et Avignon, par exemple.....à midi, le thazard nage encore, mais éparpillé dans le jus de citron cette fois, avant de s'engoufrer vers nos estomacs; miam, miam!!!

Isla Cedros: à droite, c'est la forêt sèche, devant une grande plage de sable gris totalement envahie de bois-flottés de toutes tailles; on y trouve des souches et des troncs aux volumes impressionnants, comme cet acajou que j'estime bien à 3 mètres-cubes. Une falaise partiellement arborée supporte une humble maison de pêcheurs, mal dissimulée par les arbres sans feuilles; on dirait l'automne....sauf qu'il fait pas loin de 40°c. A gauche, une autre plage au sable plus clair est encaissée entre 2 remparts naturels de roches. Toute frangée de cocotiers, elle semble abriter les amours des 2 petits bateaux de pêche mouillés devant, amarrés à couple et gités l'un vers l'autre en un improbable câlin de marine en bois. C'est l'heure de la digestion; la marmaille a grée la sourdine, et les parents transpirent en silence. Dans peu de temps, le dinghy va rejoindre son élément, et les activités aquatiques post-méridiennes reprendront comme chaque jour. Le thazard péché ce matin me dispensera de sortir le fusil. Je ne vais pas m'en plaindre.

Cet après-midi, Redge a fait une cabane sur la plage avec ses morveux; des bois-flottés et des branches de palmiers; une merveille! il l'a appellée "la cabane colle en tas".......alors qu'y avait même pas de colle......j'ai pas compris.

jeudi 25, le retour! dernière baignade avant de remonter l'ancre, et c'est route moteur vers Puntarenas pour arriver à la pleine mer, à midi; nos 2 bouées sont vacantes et la manoeuvre d'arrivée ne prend que quelques minutes. Le temps d'avaler le bon taboulé que Malou a préparé en route, et l'après-midi commence; Véro et Regis vont faire leurs emplettes en ville, cependant que Malou se porte volontaire pour faire du baby-sitting devant la piscine du Yacht club. Pour nos vacanciers, la mise en valise du merdier est commencée et se poursuivra en soirée et demain matin, pour un départ de Puntarenas prévu demain midi. J'ai jeté un coup d'oeil sur Yahoo actualités dès que j'ai eu la connection internet: tempête ce soir sur l'ouest de la France et quatrième jour de grève des aiguilleurs du ciel.....ça fait rêver, non?

tiens, les voilà qui reviennent; surprise! Véro s'est foulée la cheville en chutant dans la rue à sa sortie du bus; réussira-t-elle à rentrer quand même en France?

à suivre.....