Je trouve que ce sont de sacrés dégourdis tout de même ces "ticos". Nous arrivons au petit supermercado pour remplir nos cabas de victuailles pour la traversée, et vla t'y pas qu'il y a un type, dans l'entrée du magasin, qui se balade avec un seau de peinture et un rouleau..... il repeint la façade!..... au milieu des clients qui vont et viennent, entourés de leurs esseins de mômes qui bourdonnent autour! déjà c'est pas banal, mais c'est pas fini: nous entrons dans le gourbi, et, au moment de laisser nos paniers persos ( c'est mieux que des paniers percés....) à la consigne, pas de consigne! elle est occupée par les potes de l'autre, tous armés de pots de peinture et de pinceaux-rouleaux; je tourne la tête; le doute m'habite; les récents passage de Rèdge puis de Tintin m'auraient-ils laissés le cerveau si totalement embrumé à la suite des hectolitres de rhum ingurgités ensemble, que je serais entré dans un chantier de construction au lieu de la supérette?.....que nenni; c'est comme ça dans tout le magasin! les ouvriers sont là, certains peignants, d'autres époussetant juste à coté de ceux qui peignent, un autre, armé d'une perceuse dont la rallonge serpente sournoisement entre les roues des caddys, refixe les façades de présentoirs , etc, etc....les mecs refont le bouclar à neuf avec les clients dedans, le tout en une journée! trop fort! si Mme Roux voyait ça, elle demanderait sûrement des ouvriers Costa Ricains pour faire ses Lagoon à la place des bordelais......je rigole bien sûr, je rigole.

Assez particulier quand même ce pays; c'est le plus prospère d'Amérique centrale,....ou le moins pauvre suivant comment on regarde les choses; c'est vrai qu'il y a ici des tas de trucs aussi modernes que dans n'importe quelle grande ville européenne, mais, cent mètres plus loin, c'est bidonville craignos, eau croupie, trottoir cassé et tôles ondulées partout. En tout cas, les gens sont bien aimables et bien "rendants de services"; ajoutons à celà un indéniable respect pour la nature ( bien qu'il y ait pas mal de déchets plastiques dans la mer ), tout celà nous laissera un beau souvenir de ce pays magnifique. Dommage que nous n'ayons pas eu le temps de faire quelques visites à l'intérieur ( à l'exception de l'aéroport de San José! une féerie! mais tellement concentrés sur notre partie de "valizaredj", on n'a pas bien profité de toute la magie de l'endroit....), il y a des tas de destinations qui font envie.....ce sera pour la prochaine fois. Par contre, la lourdeur des formalités administratives.....je vous en reparle quand ce sera fini.

Une curieuse manière de propulser sa barque est très répandue ici, dans les milieux de propriétaires d'embarcations non motorisées: elle concerne les "pangas" dérivées du traditionnel canoë en bois, mais tronquées et élargies à l'arrière de manière à présenter un tableau renforcé susceptible d'accueillir un moteur hors-bord.....mais, bon, celui qui n'a pas de moteur, il est comme qui dirait handicapé avec large cul; le gars qui a ça, pour déplacer son bourrier tout seul avec sa pagaie assis sur un petit banc de nage à l'arrière, il va rien faire qu'à tourner en rond; ou alors, il faudrait qu'il se déplace d'un bord à l'autre de sa barcasse à chaque coup de pagaie....pas commode, et fatigant. Hélas, aucun intrépide breton n'est encore venu enseigner la godille à ce peuple inculte; et puis, quand bien même, la godille ça se pratique debout! ça va pas forcemment plaire ici ça. Bref, y sont pas manchots non plus les gars et voici comment ils ont résolu cet épineux problème: le type se perche à l'étrave de son canote, assis, face tournée vers l'étambot, et envoie de puissants coups de pagaie toujours du même coté, à la manière des "kunas", laissant tremper la pelle dans l'axe du canote en fin de geste avec une petite incidence pour conserver son cap; tout son poids étant à l'extrème avant, le tableau se soulève, et l' embarcation se déplace en marche arrière avec l'élégance imperceptible d'une femme enceinte de huit mois qui pousse son colis devant elle dans les allées du centre commercial. La première fois qu'on voit ça, c'est un peu déroutant; on se dit "ouh là là, qu'est-ce qu'il trimbale l'autre! il est dans le mauvais sens!", mais en définitive, tout bien réfléchi, c'est pas couillon, à défaut d'être esthétique .

vendredi 19 mars 17h: cette semaine, Franck Cammas et nous, on bat des records. Soyons clairs: lui ne nous a pas posé de difficulté supplémentaire dans la quête du notre, cependant que, de notre coté, nous ne l'avons pas perturbé du tout dans la pulvérisation du sien. On pourrait dire que chacun de nous n'aurait tenu aucun compte de l'autre que les choses n'auraient pas été différentes et d'ailleurs c'est pile le cas, cqfd . "Mais de quel mystérieus record qu'y nous cause?" se disent en choeur les 3 d'entre vous qui suivent ( j'ai les noms); j'y arrive: figurez vous que nous venons juste d'accomplir les formalités administratives de sortie du territoire les plus longues que nous ayons connues depuis notre départ: 55 heures! d'accord, nous avons meublé les temps morts en faisant quelques emplettes, mais tout de même, la quête du fameux "zarpe international" qui a débuté mercredi à 9 heures vient de se terminer vendredi à 16 heures! 2 jours et demi! Franck Cammas et ses équipiers ont parcouru l'équivalent du trajet Puntarenas/Galapagos ET RETOUR pendant ce temps là! ça troue le fromage ça non? Tout le monde n'avance pas à la même vitesse en ce bas monde; c'est ma conclusion.

C'est dit, demain matin on s'casse.