Je commence par un petit "tuyau" à l'usage des voileux; nombre de leurs bateaux sont équipés d'un grand tube vertical qu'on appelle communément le "mât". Il n'est pas rare qu'une grand'voile en soit solidaire, par l'intermédiaire de coulisseaux qui doivent monter et descendre dans une gorge, pour envoyer la voile ou pour l'affaler, suivant les circonstances. Hélas, parfois ça ne coulisse pas bien (comme disait la jeune mariée.....) et ça pourrit la vie du marin. A celà, une solution: il existe un ingrédient aux facultés quasi magiques, dont on peut, que dis-je "on peut", on "doit", badigeonner la gorge (du mât, bien sûr, pas celle du capitaine.....), pour favoriser le glissement en toutes circonstances, c'est la vaseline. Juste une petite difficulté: il faut aller l'acquérir en pharmacie, et c'est un type de requête qui attire toujours des sourires goguenards et entendus, comme si cette substance visqueuse ne pouvait servir qu'à faciliter des amusements d'onanisme....Comment aborder la pharmacienne avec ça? On décide, avec Malou, de se lancer tous les deux; ça ne loupe pas, sitôt prononcé le mot magique, une belle banane barre le visage rayonnant de notre pharmacienne, d'une oreille à l'autre. "J'en voudrais un grand pot; un kilo si vous avez.....", que j'y fait ; la banane affecte maintenant la voisine de droite; alors, quand j'ajoute "c'est pas ce que vous croyez, c'est pour mon mât"....bon ben voilà, nous y sommes, ils sont tous hilares maintenant. En tous cas, nous, on l'a notre pot de vaseline, et si personne n'abuse, un kilo, ça devrait durer un moment.

Samedi 7 août; Loïc et Marie-Jo nous attendent au ponton des annexes. Après quelques minutes de bagnole, nous voici au lieu-dit "le belvèdère". C'est dans la montagne, derrière Papeete; la route s'arrête, et nous continuons à pieds, traversant d'abord un espace militaire d'entrainement au franchissement (de ligne Maginot ou de ligne imaginaire, je ne sais pas....), ambiance Indiana Jones colle en tas. Le chemin de randonnée serpente à flanc de montagne, et c'est un ravissement de ravins, avec vue somptueuse sur les lagons; il fait un temps magnifique. Nous montons jusqu'à presque mille mètres (de haut, pas de long) avant de faire demi-tour, happés par l'appel de l'apéro. La très agréable maison de nos amis surplombe le mouillage d'Arué, sur la côte nord de Tahiti. Marie-Jo nous apréparé un délicieux repas et nous passons d'agréables moments en leur compagnie. Loïc est très "pince-sans-rire"; on se comprend.

Les jours passent; des amis arrivent, d'autres continuent leur voyage; les travaux sur "Cataf " se poursuivent tranquilou, interrompus parfois par une pause café ou une "tite mousse" lors d'un passage de pote.

Mercredi 11 août; échange de bons procédés: notre pote Michaël, ayant délaissé depuis plusieurs années son cabinet dentaire allemand, se consacre actuellement à sillonner le monde en compagnie de Birgit, à bord de son Lagoon 500 "Mariposa", que c'est pas avec celui-là que CNB a dû améliorer beaucoup sa rentabilité tant il a suscité de pharaoniques dépenses de SAV..... bref, il reste encore quelques malfaçons à rectifier. En un sens, présentement, ça m'arrange, car un des chicots de mon dentier (celui que j'ai dans la bouche, pas celui que nous parcourons,.... monde entier) s'est lâchement désolidarisé de son groupe lors d'un affrontement sans merci avec un morceau de pain un poil compact....vous savez ce que c'est, on s'attache, et là, il me manque cruellement à présent. Ainsi, nous négoçions un échange de service avec Mich: "tu me rafistole le dentier, et moi je renforce ton bourrier". Marché conclu! L'agrandissement du toit de cockpit qui nous a utilement occupés 3 semaines durant est enfin terminé et c'est donc le bon moment pour les réparations de ratiches et autres. Chacun de nous prend à coeur de montrer à l'autre qu'il n'est pas un trouduc, et même, on fait du zèle ( un dentier avec des zèles....c'est dingue). J'invoque les dieux du composite, le grand maitre "Râ Zin", et son prophète "Pau Xi", qui, tels la résine et le durcisseur, forment le célèbre duo un peu collant: Râ Zin et Pau Xi...., afin qu'ils m'assistent efficacement dans ma tâche; en trois-quarts d'heure c'est fait.

Jeudi 12 août: casting dans la salle Gauguin de l'hôtel Sofitel. On recrute des figurants blancs mais bronzés pour tenir des rôles de militaires dans le prochain film de Mathieu Cassetoivite. Je me présente,.....mais j'ai un peu dépassé la limite de fraicheur, à moins que je n'ai pas le faciès assez militaire, bref, Mathieu va devoir se passer de moi, car son recruteur m'a délaissé; tant pis pour lui.

Samedi 14 août; visite du musée "Tahiti et ses îles", en compagnie de Marie-Jo et Loïc; tout à fait passionnant; on y apprend comment un volcan se transforme en atoll en 40 millions d'années en s'affaissant sur lui-même, cependant que sa couronne coraillienne se reforme au fur et à mesure de l'engloutissement. L'histoire de l'humanité est décrite de manière très parlante par la présentation d'objets anciens retrouvés lors de fouilles (attention aux contrepèteries lors de la mise en colis de fouilles....), et mis en situation dans des reproductions de scènes de vie. La visite s'achève sur une belle collection de pirogues en bois d'arbre, dont certaines sont à bordés cousus. On traverse ensuite un jardin niquetabotte ( c'est du verlan....) fort instructif avant d'aller achever son après-midi au bord de la grève, arrosés par les embruns, à contempler les rouleaux d'écume et les aprrentis surfeurs qui y pataugent

Lundi 16 août; nous traversons un épisode d'intense vie sociale; hier c'était l'anniversaire d'Hélène, fété à une vingtaine de personnes, autour du cockpit de "Mandragore". Laurent inaugure son nouveau barbeuc à gaz; des flammes rebelles d'un mètre de haut, malgré le couvercle fermé.....il aime pas. Retour au Cataf à la nuit, avec une brochette de nouveaux amis. Au matin, lever dès 7 heures pour rejoindre Marc et Laurence sur le ponton à 8h30 en vue d'une ballade autour de Tahiti. On commence par le nord, avec la pointe Vénus et son phare dessiné par Stevenson. Puis nous poursuivons avec une phase de marche à pied aux 3 cascades, dont le nom vient du fait que les cascades qu'on peut visiter sont au nombre de trois.....Après un intermède snack-bord-de-la-route aux sandwichs rapidement oubliables, la montée au lieu dit "le plateau" nous offre un panorama magnifique sur tout le sud de Tahiti, ainsi qu'un peu de fraicheur. L'isthme sud possède un paradis des surfeurs très prisé, à l'ambiance de fête foraine au bout du monde; grosses vagues, populace et flon-flons. Retour à Taïna dans le festival de rouges et d'oranges donné par le soleil qui s'ésquive pour la nuit derrière Mooréa.

Ce mardi 17 aout nous remet au boulot, à fin d'agrandir les flancs de l'abri de timonerie, de manière à y être protégés du vent de travers; c'est encore un chantier de plusieurs jours....Un ami de longue date, perdu de vue depuis quelques années, ressurgit dans notre périmètre: c'est Jean-Marc Pouvreau. Toujours aussi jovial et pétillant, Jean-Marc est un remarquable constructeur de bateaux soi-disant "amateur", et qui possède en plus à son actif un paquet de milles parcourus sur des catas rapides. Un type très respectable donc!

Samedi 21 août: Papeete en Bretagne.....ciel gris, pluie continue. En ce moment, de l'autre coté de la terre, à Argentré du Plessis, entre Rennes et Laval, Thérèse et Hubert fêtent leurs soixante ans en offrant une grande fête de famille, du genre qu'on aime bien, avec moults buvage de coups, gobergeage de bons produits du terroir, fendage de gueule et on chante aussi.

Ici, la pluis nous empêche de stratifier les dernières améliorations apportées à la timonerie; nous en profitons pour mettre le site à jour, car, en contrepartie du boulot accompli pour rendre le "Catafjord" encore plus agréable, j'ai un peu délaissé ces derniers temps ma charge de scribouillard de "voyagedenzo".