Lundi 29 Août;

une perceuse sans fil, par définition, ça n'a pas de fil. Mais, par contre, ça se doit d'avoir une batterie, et en bon état, de préférence. Avec environ 3600 vissages/dévisssages occasionnés par notre chantier de lattage du "copique" ( comme dit mon ami DD qui ne m'a pas écrit depuis un paquet de temps.....), la visseuse/dévisseuse Makita qui figure à l'inventaire du bord et dont l'accu, est à la fois ruiné depuis longtemps et introuvable car d'un modèle trop désuet, la machine Makita, disais-je donc, semble quasi indispensable. Comment transformer cette bécane inutile à cause de sa pénurie de batterie en outil efficace? tout simplement en lui adjoignant un câble éléctrique! L'engin fonctionnait sous une tension de 9,6 volts, donc pas si éloignée que ça des 12 volts du bord. Compte tenu de la chute de tension occasionnée par n'importe quel conducteur sous-dimensionné véhiculant une très basse tension, une solution simple m'a semblée envisageable, et paf! c'est ainsi que je procédassais pour résolvationner le problème, suivez moi bien: j'ai décortiqué la saloperie de sa race de batterie hors d'usage, et je m'en suis servi de connecteur pour raccorder la Makitache aux batteries du bord par l'intermédiaire d'un fil par très gros et un peu long, relié à une prise d'allume-cigare. Ainsi, à l'autre bout du fil, la brave perceuse/vicieuse "récupère" quèquechose d'assez approchant des 9,6 volts qui constituent sa ration habituelle.....vous me suivez toujours? Eh bien, ça marche très bien, merci, et vous? Je mets cependant en garde les incultes et les bricoleurs qui osent tout: n'allez pas essayer de faire pareil chez vous avec un prise 220 volts......ou alors, pensez à inviter votre belle-mère pour les essais; elle pourrait en profiter pour se fendre la pipe.....

Mardi 30 Août;

rentrant à vélo de Papeete, le sac à dos plein de ces adorables disques abrasifs grain 36, générateurs d'une montagne de poussière, et destinés au ponçage du nouveau parquet de cockpit, je m'avise que la petite reine, si utile pour se déplacer, ne mobilise pas, pour sa conduite, tous les neurones disponibles à l'intérieur de ma boite crâneuse, et alors, pourquoi ne pas en profiter pour réfléchir un peu pendant la route, les occasions ne sont pas si.....bref.....Je cogite.....; ce faisant, il me vient à l'esprit un genre de révélation historique à laquelle personne n'a encore pensé, et dont l'importance me parait capitale. Souvenons-nous que la Polynésie a été le théâtre d'une activité culinaire aujourd'hui tombée en désuétude tout autant que controversée: l'anthropophagie. Au cours de certains festins, après que le personnage central du menu eût été dûment choisi, par forcémment pour ses qualités gustatives d'ailleurs...., on lui assénait un vigoureux coup de casse-tête sur la calbombe, et la cuisson suivait tout de suite derrière. Hors, il est un détail majeur qu'on passe habituellement sous silence, et que je me dois de vous livrer présentement dans un souci d'honnéteté histérique, et donc le voici: avant de faire mijoter à feu doux notre heureux élu, on lui détachait précautionneusement les testicules; celles-ci, à l'instar des foies de morues sur les bancs de Terre-neuve, étaient recueillis et conservés à part, a fin d'entrer ensuite dans la composition d'une gourmandise fort appréciée, et dont au sujet de laquelle, il m'apparait évident que la recette venait du Finistère. Comment a pu se produire un tel échange? sont-ce de hardis pêcheurs bretons qui rallièrent la Polynésie à la godille, où de téméraires Paumotus qui atteignirent le pays Bigouden à coup de pagaies frénétiques à bord de leur pirogue à balancier? je ne possède pas d'information objective sur ce sujet. Ce qui me parait certain, en revanche, c'est qu'une friandise qui s'appelle "couille à man", ça ne peut venir que du Finistère....isn't it?

Sinon, l'opération "lattage cockpit" tire à sa fin, et c'est pas dommage, car depuis un mois et demi que nous travaillons comme des gens qu'ont un vrai boulot, on fatigue! Cet après-midi, ça a été l'apothéose: le ponçage des 17 mètres-carré avec une machine de 2000 watts prétée par notre ami Marc. Environ quinze kilos de fine poussière de bois disséminée en nuage de Tchenobyl dans toute la partie arrière du canote par l'action de cette machine diabolique, et ce, depuis après le café de midi, jusqu'à la tombée de la nuit; épuisant! Plus une heure de nettoyage dans la pénombre avant de goûter un apéro bien mérité ( je ne vois d'ailleurs pas la différence avec les apéros "pas mérités" qui sont en général aussi gouleyants). On f'rait pas ça tous les jours!

Vendredi 3 Septembre;

fin du chantier "parquet de cockpit", ponctué par une soirée exceptionnelle. Invités à diner chez Jean-Marc, en compagnie de Laurence et Marc, notre hôte s'est adjoint les services d'un cuisto inhabituel: Guy Delage, que nous retrouvons avec grand plaisir après une bonne vingtaine d'années. Il nous régale les papilles gustatives avec son repas, et les esgourdes avec les détails de quelques uns des exploits qu'il a accompli, entre autres, une traversée de l'Atlantique à la nage en 55 jours, et une autre en ULM en 27 heures. Ce gars est un miraculé! la faucheuse l'a loupé de peu plus d'une fois....Il termine actuellement la construction d'un voilier monocoque de vingt mètres pour aller cueillir des glaçons en Antarctique.....quelle énergie! et son nouveau canote sera équipé en propulsion diesel/éléctrique.