Lundi 21 Juin; pas moins de trente heures de voyage sont nécessaires pour parvenir à Nantes à bord de trois avions successifs. Le premier nous dépose à Séoul pour 6 heures de découverte.....des allées de l'aéroport et de ses boutiques inondées de lumières, en tous points identiques à ce que l'on peut trouver dans n'importe quel aéroport international, à l'exception des jolies coréennes qui pullulent ici, alors qu'ailleurs non. Le second aéronef nous conduit à Amsterdam, où il se confirme que les Coréennes, les jolies comme les moches, sont en quantité infinitésimale, comme quoi, c'est pas des salades que je raconte. Le troisième zinc nous débarque à Nantes où nous retrouvons notre super neveu Alain qui nous attend avec le sourire pour nous offrir gîte et couvert, ainsi que l'agréable compagnie de Bleuenn et Malo.

Dès mardi matin, un emploi du temps bien rempli et une météo bien bretonne nous remettent vite fait dans une ambiance pas du tout tropicale. La première visite-éclair est pour Olivier et Sandrine, les châtelains de Bouguenais, dont la Mercedes "hors d'âge", mais heureusement pas hors d'usage, va nous transporter pendant les deux mois à venir. Le marathon des visites médicales et autres formalités prélables à mon opération de la hanche vont pouvoir commencer.

Mardi, nos hôtes sont Thérèse et Hubert, avec qui nous partageons la même adresse officielle depuis maintenant quatre ans, sauf que c'est quand même un peu plus la leur que la nôtre....Les Landes, ça serait un peu comme qui dirait notre base logistique.

Lundi 29 Juin; le marin Nantais rentrant au pays pour retrouver sa belle en remontant la Loire à la faveur du courant de flot pourrait déclamer le dicton du jour: "qui voit le pont de Cheviré n'est plus bien loin de la raie...."; en tout cas, c'est ce que je me pense en arrivant à Nantes à bord du "Spirit of Victoria", commandé par notre cher "Maxou", capitaine et armateur de ce fameux canote, retour de la croisière Penbron qu'il vient de suivre en qualité de "navire amiral". Depuis que nous avons quitté Argentré, les visites d'amis, tous plus adorables les uns que les autres, se sont succédées à cadence élevée, et je n'ai pas été assez réactif du stylo pour en coucher sur le papier les délicieux moments de convivialité qu'ils nous ont offert .

Tout autant savoureuses sont les minutes pendant lesquelles le docteur Lecouteur me fait part de son verdict:" je vais vous poser une prothèse à revêtement chrome-cobalt, particulièrement durable". Ainsi, les risques de luxation sont infimes, et j'ai même quelques chances de terminer mon voyage terrestre sans avoir à y revenir; ça me plait bien car je suis du genre à mettre le prix pour avoir du bon matériel, plutôt que d'acheter des trucs chinois qu'il faut changer toutes les semaines.

Samedi 2 Juillet, 18 heures, clinique de l'Atlantique; Malou vient juste de quitter ma chambre pour se rendre à la fête d'anniversaire d'une copine, après avoir passée l'après-midi avec moi. J'ai eu bien de la chance. Jean-Yves et Michèle aussi sont venus me rendre visite, bientôt suivis de Marie et Christophe. On a bien papoté. Le kiné que j'ai vu ce matin m'a fixé rendez-vous demain pour me mettre debout. Le chirurgien aussi est passé, pour me prononcer quelques paroles d'encouragement à supporter la douleur omniprésente depuis ce matin, malgré les différents élixirs qui transitent de leurs sachets plastiques à mes veines à travers les fins tuyaux de la perfusion.

L'opération , hier matin, s'est déroulée au mieux, sous anésthésie locale grâce à une piquouse pourri-tu-râles ( ou un truc dans le genre....). J'avais demandé poliment que l'on m'assomme de médicaments administrés à dose chevaline, de manière à ne pas entendre les bruits du "chantier". Hors, arrivé sur la table d'opération après avoir avalé un microscopique cacheton de Xanax, on me positionne sur le coté droit, et on m'isole de l'équipe d'artistes en construisant autour de ma tête un genre de tente de camping en drap bleu clair. Toujours bien conscient, je commence à me demander quand ont-ils l'intention de m'envoyer dans les vaps, lorsque, tout-à-coup soudainement, j'entends le sifflement caractéristique d'un outil mû par une turbine à air comprimé, en même temps que je ressent des trépidations vigoureuses, genre la grosse roulette du dentiste à la puissance dix! Et ça dure, et ça dure....ça me fait l'effet d'être assis à coté du chirurgien sur un tabouret dont il serait affairé à scier le pied avec une tronçonneuse. ....je sais, c'est n'importe quoi, mais c'est ça qui me vient à l'esprit.....le xanax peut-être. Mais c'est pas fini; après le marteau-piquer, mon orfèvre joue du maillet, pour ajuster l'alésage au petit poil et me restituer les 8 millimètres de longueur que ma jambe a perdu au fil des ans. Il fait vachement froid dans cette salle d'opération.....Atchoum!..... fait mon "chir" qui s'enrhume....moi, bien poli, je lui lance un sonore "à vos souhaits", qui déclenche l'hilarité de toute son équipe. "Vous ne dormez pas?" qu'y me dit.....elle est pas banale celle-là! avec tout le barouf qu'ils font, plus les vibrations et les coups de maillet, je ne risque pas de roupiller. Bref, en une heure, c'est plié, et je me retrouve en salle de réveil....déjà réveillé; avec en plus: même pas mal! une équipe de virtuoses! ils ont fait un excellent boulot; c'est fantastique.