Dimanche 28 août: la croisière s'amuse enfin! Il aura fallu auparavant franchir les différents passages obligés: d'abord les 22 heures d'avion qui séparent Nantes de Nouméa (ainsi que les 150 kilos de bagages qui vont avec....), puis, la remise en route de tous les équipements de ce brave Catafjord ( grandement facilitée par la vigileance des amis Thérèse et Alain de "N'GA" qui l'on choyé en notre absence), avec aussi une petite visite chez le toubib Marc pour ponctionner 120 centilitres de lymphe dans la nouvelle protubérance mammaire tribord de Malou.......sans oublier, en guise d'entracte, un petit détour place Bir Hakeim pour venir voir et écouter notre président en visite sur le caillou. Mais là, c'est bon! l'opération "escale française 2011" est bouclée; on repart en voyage. En "lever de rideau", une croisière de deux semaines vers l'Ile des Pins, en compagnie de Thérèse et Anne-Yvonne, les 2 belle-soeurs que nous avons ramenées de métropole pour un séjour aux antipodes de leur Bretagne. Première étape: l'Ilot Casy ( que nous éspérons "cosy".....). Vingt milles sont parcourus aux moteurs avant de pouvoir embosser le dernier corps-mort disponible dans cette charmante petite baie; peut-être un peu trop fréquentée en touristes à notre goût.....cependant, la bonne surprise, c'est qu'ils ne sont venus là que pour quelques heures, et nous avons le bonheur de les voir se tirer les uns après les autres, nous laissant tranquille, en soirée, pour découvrir les lieux. Un hôtel récemment abandonné nous impose dès les premiers pas une atmosphère étrangement oppressante, que dissipe rapidement une ballade sur les charmants sentiers; la végétation est dense: pins colonnaires, pandanus, cocotiers, et toutes sortes d'autres arbres éxotiques dont j'ignore tout, mais que n'importe quel guide touristique vous détaillerait par le menu ce qui serait bien fastidieux dans mon récit, merci d'en convenir.

Lundi 29 août: le peu de vent est favorable, aussi nous en profitons pour cingler vers l'Ile des Pins sans approfondir notre connaissance de Casy, c'est comme ça pis c'est tout. Un vrai temps de curé! c'est tout à fait ce qui convient à nos moyennement intrépides invitées. A 16 heures, l'ancre tombe comme une bouse dans quatre mètres d'eau claire devant la majestueuse plage de Ouaméo, que ces dames demandent immédiatement à fouler aux pieds avant la nuit.....éxécution!

Mardi 30 août: nos vacancières sont gravement motivées! Sitôt libérées des habituelles ablutions et autres préparatifs quotidiens, nous voici tous dans le dinghy, direction la baie de Kuumo distante d'environ 5 kilomètres. La côte, couverte de végétation est grignotée à sa base par les eaux turquoises tout autant que clapoteuses du lagon; les appareils photos crépitent jusqu'au beachage. La plage est déserte. Un sentier nous mène au village à travers les bois. Les habitants semblent distants et peu loquaces; réserve ou timidité ( au jasmin.....). Il est plus commode de converser avec les enfants. Pourtant, Serge, chef de clan, affairé à construire ses tables d'hôtes en bois, abritées sous toitures en palmes de cocotiers tréssées, prends le temps de nous commenter son Ile et de nous prodiguer ses conseils pour nous en faciliter la découverte. Sur le chemin du retour, "Pétou", solide mère de famille Kanak venue rassembler sa marmaille sur la plage, nous invite sans façon à partager le repas familial...En fait, leur communauté est en grande effervescence car un mariage se prépare pour Vendredi prochain, et la majeure partie des habitants de l'Ile est invitée. La fête promet de rassembler plusieurs centaines de personnes, aussi, les tâches préparatoires sont nombreuses et variées; on a construit, sur la propriété des parents du marié, des abris précaires en bois/toits de palmes dédiés aux différentes fonctions: cuisine, tables de repas, café, vaisselle, et des tentes/dortoirs. On nous sert comme au restau. Les belles-soeurs sont aux anges! ébahies de cette hospitalité spontanée et sans chichi. Puis nous retrouvons le dinghy en début d'après-midi......et c'est marée basse! donc, exercice de halage, sur une trentaine de mètres, des 200 kilos de la barcasse, pour la remettre à flot. Retour au confort douillet de Catafjord, le palace....

Mercredi 31 août: excursion en pirogue à voiles à travers la baie d'Upi; ambiance familiale. Le minibus de l'hotel Kou Bugny nous abandonne sur la grève où nous attends, grand'voile haute, le navire flanqué de son fier capitaine. L'embarquement se fait en voie humide: tout le monde ôte ses godasses, et patauge, de l'eau jusques-aux cuisses, à l'assaut de la poupe....Notre capitaine désigne un volontaire pour remonter le mouillage ( ça tombe sur moi....), pendant qu'il démarre son Yamaha salutaire pour faciliter l'appareillage; c'est parti! les deux tonnes de notre pirogue, dont la voile mesure à peine une quinzaine de mètres/carrés se déhalent avec la célérité d'un escargot en convalescence....mais, bon, on n'est pas préssés. Un jeune couple accompagné de la belle-mère a embarqué 4 mômes!....ça photographie, ça pleurniche, ça bouffe des petits gâteaux....c'est les vacances! Le lagon est parsemé de gros blocs rocheux érodés à leur base aux allures de monstrueux champignons lapidaires biscornus. Notre indolent captain a omis d'établir le foc, ce qui permet à une des pirogues qui, elle, en arbore un superbe, de nous atomiser et ça me chiffonne un petit peu...... pas trop, mais quand même j'aime pas. Sur ces embarcations très typées, la grand'voile triangulaire est enverguée sur un mât courtaud, et possède une immense bordure qui grimpe vers le ciel le long d'une bôme assez souple et aussi longue que le mât. Une fois établie, elle se présente comme un triangle pointe en bas, dont l'éfficacité au portant est loin d'être ridicule, le centre de voilure étant placé plutôt haut. La plateforme qui supporte ce singulier gréement est également originale. Taillée dans un tronc de kohu ou de pin colonnaire, évidé par brûlage en entretenant plusieurs jours un feu qui ronge le bois petit à petit, la coque ainsi réalisée est surmontée d'un caisson rectangulaire qui supporte la plateforme où évolue l'équipage, posée sur trois poutres transversales qui servent également de bras de liaison pour le flotteur/balancier, réduit à sa plus simple expression puisqu'il s'agit d'un tronc d'arbre fin et long simplement affiné à une extrémité et maintenu en place par un entrelacs de branches croisées selon une disposition type "Eiffel", identique à ce qui est utilisé sur les pirogues polynésiennes. Arrivés au nord de la baie d'Upi, captain monte dans le vent pour stopper le bourrier et laisse culer vers la courte plage pour débarquer son monde. De là, la baie d'Oro, but ultime de la balade, n'est plus qu'à 4 kilomètres; on y accède à travers bois par un sentier au sol de racines entrelacées, un peu piégeux; il faut regarder ses pieds tout le temps....Le joyau qui nous attend au bout du chemin est appellé "la piscine"; ce modeste bras de mer enchassé entre la côte et une petite île, bordé d'une délicieuse plage de sable blanc, recèle quelques patates de corail où s'épanouissent en toute quiétude de nombreux poissons de toutes éspèces. Avec une jolie forêt de pins colonnaires en toile de fond, l'endroit est calme et charmant. Et alors, je vais vous dire: marcher d'un pas alerte et décidé, supporté par deux bonnes jambes aux articulations onctueuses: quel pied!!! ( encore merci docteur Le Couteur)

Vendredi 2 Septembre: l'éxpédition vacancièro-instructive du jour a pour but le fameux mariage, dont la partie officielle, d'abord à l'église, ensuite à la mairie, se déroule au village de Vao. Notre journée débute donc par 7 km de marche à pied, en évitant de s'arréter chaque minute pour faire une photo, habitude qu'affectionne particulièremment Anne-Yvonne...Moyennant quoi, avec seulement quelques minutes d'arrêt pipi dans les buissons, nous arrivons à Vao avant la fin de la cérémonie et c'est beau! pas si différent que ça des mariages à la française, mais tout de même assez coloré. Les gens portent des tenues genre supporter d'équipes de foot, de couleurs différentes selon qu'ils appartiennent à la famille du marié ou de la mariée. Détail croustillant, la petite procession qui emmène tout le monde de l'église à la mairie chante en choeur des chansons populaires françaises.....dont "étoile des neiges"! ou "chevalier de la table ronde"!..... pas très kanak comme tradition.

Samedi 3 septembre; ça y est: Anne-Yvonne a craché le morceau! elle est enfin parvenue à se libérer de ce lourd secret qu'elle portait depuis de longues années sur ses frêles épaules comme un costume de plomb garanti sans antimoine car elle est un peu dévote, mais ce n'est pas le sujet. Mais, j'y pense.....suis-je habilité à vous dévoiler la teneur, que dis-je, l'essence même de cette information capitale? Anne-Yvonne ne m'en voudra-t-elle pas de révéler ainsi à la face du monde interloqué cette singularité physique qui l'affecte? je m'autorassure en pensant que j'ai moi-même été frappé, dans une moindre mesure grâce au ciel, de cette dissymétrie navrante, avant que mon excellent docteur Le Couteur ne gomme cet avatar de quelques coups de bistouris suivis de quelques sciages et fraisages le tout agrémenté de la pose de l'articulation titanesque dont je ne saurais jamais assez le louer mais je m'égare, revenons à notre Annyv; son problème, c'est qu'elle a une différence de cote de longueur non négligeable entre ses deux jambes.....a-t-elle une jambe plus courte ou, au contraire, une jambe plus longue, que l'autre, à moins que ce ne soit l'inverse, difficile à savoir, en tous cas la différence, elle a dit que c'est deux centimètres.....et que c'est à cause de ça qu'elle est toujours à la traine quand on se balade ensemble. Par bonheur, ça ne l'a pas empéchée de gravir pas plus tard que cet après-midi même, le célèbre pis N'GA qui culmine à 262 mètres!, et ça, c'est pas tout le monde qui le fait, alors, respect! Pour digérer le "bougna" (plat local) et les brochettes dégustés à même la plage avant l'ascension, c'était super. Mais, trève d'écriture, l'heure de l'apéro approche à grandes enjambées, et ça, c'est un moment où la longueur des jambes de gens, tout le monde s'en fout.....

Dimanche 4 septembre; encore une belle journée ensoleillée; la balade du jour est modeste puisque nous nous contentons de faire le tour de la presqu'île de Kuto, c'est vous dire....cheminant à travers le bois de pins colonnaires et de pandanus ( c'est ridicule comme réaction, mais ce mot me fait toujours marrer), l'observation des différentes bestioles qui peuplent les lieux donne à mes copines moults pretesques pour s'arrêter à chaque pas pour des scéances de photos commentées en direct.....Les "tricots rayés", ces serpents aux costumes de bagnards, semblent les captiver particulièrement, de même que les énormes escargots côniques que les autochtones accomodent à la manière française avec du beurre et de l'ail. Mais ce n'est pas tout: chaque feuille, chaque fleur, chaque brindille, chaque chiure de mouche donne lieu à photos......ça prend du temps......

Mardi 6 septembre; le moment est venu (déjà!) de nous arracher à cette attachante Ile des Pins. Hélas, le temps est bien merdique: pluie, ciel bas, grains venteux....; ça dure jusqu'au milieu de l'après-midi où le vent tombe, laissant place à une mer désordonnée qui ballotte un peu nos passagères. Anne-Yvonne adopte sagement la position horizontale sur la banquette du carré, à titre préventif.....Un joli thon jaune et un petit thazard s'invitent au frais dans les freezer, comme pour narguer Alan, le petit-fils d'Anne-Yvonne qui a essayé de nous bluffer par mail avec sa dernière capture de maquereaux. Le moteur babord nous fait des misères en cassant sa courroie pour la xième fois, s'accaparant ainsi par avance ma matinée de demain. Par bonheur, le mouillage que nous avons choisi pour la nuit se trouve au fond d'une baie parfaitement abritée, et la soirée s'annonce sereine.....

Mercredi 7 Septembre; malgré sa belle taille, l'Ile d'Ouen n'héberge qu'un seul village, "Ouara", situé sur la côte Est et abrité du clapot alizéen par un récif de corail. Nous nous y rendons en dinghy. Ce petit bourg mérite le détour. Son wharf, de belle facture, autorise un débarquement aisé. Plusieurs sentiers de randonnée pédestres ont été aménagés, et l'un d'eux permet de se rendre au calvaire situé sur une butte qui culmine à 130 mètres. La promenade est agréable et le point de vue magnifique, surplombant l'anse de Port Toubé d'un coté et l'anse de Ouara de l'autre. Photos...

Jeudi 8 Septembre; c'est par grand beau temps que nous appareillons pour la dernière étape de cette croisière "belles-soeurs". La douzaine de noeuds de vent de sud-est permet d'établir la voilure et de faire route au portant vers l'ultime curiosité du périple: le phare "Amédée", que nous contournerons par le Sud avant de cingler sur Nouméa en éspérant y être assez tôt pour que la partie féminine de l' équipage puisse "shoppinger" un minimum.....et, donc, bingo, à 16h30 pas plus, l'ancre descend se vautrer dans la vase de l'anse de la Moselle, et l'annexe est promptement descendue de ses bossoirs Madame. Durant le trajet, Anne-Yv à tésté pour nous les super lunettes anti-mal de mer que nous a offert notre assureur (De Lassée); ça donne un look pas possible, mais le résultat est tout-a-fait positif. Ce soir, nous dînons avec Jacques à bord de son superbe "Clin d'oeil", et demain, c'est sur "N'GA" que nous sommes invités; sitôt la ville retrouvée, les mondanités commencent......

Vendredi 9 Septembre; c'est le centre culturel Jean-Marie Tjibaou qui est l'objet de notre attention cet après-midi. Nous nous y rendons en bus, en compagnie presque exclusive de passagers kanaks....Nous n'avons prévu qu'une insuffisante demi-journée pour prendre connaissance des nombreux centres d'interêts de cet imposant établissement. L'architecture des batiments principaux, signée Renzo Piano, allie traditions kanaks et techniques modernes, par l'utilisation massive de bois d'Iroko, de verre, et de métal. De très nombreux éléments matériels et documentaires permettent d'appréhender les principales composantes de la culture kanak. Puis, une marche en plein air par le "chemin kanak" nous retrace, au travers d'un parcours végétal initiatique, le mythe fondateur de l'humain en 5 étapes: l'origine des êtres, la terre nouricière, la terre des ancêtres, le pays des esprits, et la renaissance; les grandes cases de chefferies traditionnelles cloturent notre visite. Au bout du retour en bus, une très agréable soirée entre amis nous attend, préparée par Thérèse et Alain assistés du chien "Mimosa" et de la chatte "Lola"......

Samedi 10; animations et spectacles de danses traditionnelles se succèdent place des cocotiers pour commémorer la clôture des jeux du Pacifique. Les "cagous" calédonniens sont satisfaits: ils ont écrasés leurs adversaires Tahiti et Fidji en raflant un plus grand nombre de médailles; la bonne humeur est à l'affiche. Le point final de cet important évènement illumine le ciel de Nouméa sous la forme d'un feu d'artifice: oh la belle bleue! oh la belle verte! oh la belle-soeur: demain c'est fini les vacances! elle vont pouvoir retrouver leurs maris respectifs pour un autre genre de feux .....d'artifesses (peut-être?).....mais ceci ne nous regarde pas. Demain Dimanche, journée "valises". Tchao, les filles! Elles ont été de fort agréables compagnies, et les séances de poilades et fendages de gueules très fréquentes.