mercredi 16 novembre; l'exercice de début de journée consiste à trouver un endroit adéquat pour laisser le dinghy pendant qu'on va en ville. Bien que le fleuve soit bordé de centaines de catway solidement maintenus par des ducs d'Albe de la meilleure facture, il est paradoxalement assez malaisé de s'amarrer car tous ces équipements sont privés. Ici, c'est comme à Mooloolaba.....( jeu de mots discret....), tous les gens qui ont une baraque au bord du fleuve ont également leur ponton attenant, la plupart du temps libre de toute embarcation, mais cependant, peu enclin a accueillir des vagabonds dans notre genre, quel dommage! C'est vrai, le top du top, ce serait de se voir offrir l'hospitalité d'un catway vide, avec, en plus, le gars qui nous invite à l'apéro pour faire connaissance......mais ça......

Après nous être réfugiés dans Breakfast creek, petite rivière adjacente, nous dégottons le bout de ponton, privé, mais moins que d'autres, qui accueille miss Newmatic pour la journée. Nous fêtons aujourd'hui nos 37 ans d'accouplement.....par une petite mise en jambe déambulatoire tout autant que pedestre dans les rue de Brisbane, suivie par un roboratif lunch vietnamien pris dans un modeste restau du center city....ce genre d'établissement ayant nettement notre préférence face à la concurrence des multiples MacDo et autres King burger qui constituent la majeure partie de l'offre locale. Attention: ne pas oublier d'acheter son picrate dans une "bottle shop" avant de venir au restau car ils ne servent que des trucs sans alcool.....et ça, pour fêter un anniversaire....pas terrib; alors qu'en apportant sa bouteille de rosé acheté déjà frais, c'est nickel!

Plutôt grand comme ville Brisbane: 1,3 millons de bipèdes; c'est la troisième ville du pays ( en partant du haut....). C'est bien rangé, avec des rues larges et perpendiculaires, ou alors parallèles ça dépend comment s'est levée la lune....au carrefour, pour traverser, on appuie sur un énorme bouton à coté des feux; rapidement, ça fait tub, tub tub tub tub....et là, le piéton s'allume vert en face, et on peut y aller. La ville regorge de boutiques et bistrots tout-à-fait déjantés, comme ce magasin du centre spécialisé dans le commerce d'herbes magiques et des instruments divers permettant de la fumer ( je n'ai pas pu résister à acquérir une mini pipe à eau déguisée en bouteille de whisky....).

A coté, la "Brisbane River" est sillonnée à un rythme soutenu par le va-et-vient des bus nautiques nommés "city cat"; ces catamarans longs, étroits, légers et bas sur l'eau transportent 6,5 millions de passagers par an à la vitesse de 25 noeuds, traçant derrière eux un sillage très modeste pour leur taille et leur vitesse: magnifiques! et quelle éfficacité!

Jeudi 17 novembre: fini la rigolade; Catafjord embouque en début d'après-midi le dock d'accès au travel-lift et se retrouve illico sur le terre-plein, frictionné par le jet puissant du nettoyeur haute-pression. Vint et un mois depuis le dernier carénage......; il était grand temps d'y repasser.

Jeudi 24 Novembre; épuisant cet arrêt technique! Il faut dire que le "Rivergate Shipyard" est un endroit particulièrement efficace pour ce genre de joyeuseté; alors, forcémment, on en profite......et on travaille beaucoup....

Malou a assuré à elle seule l'application des 40 litres d'antifouling, pendant que je remettais les mains dans la mécanique pour remplacer un palier de ligne d'arbre et un tourteau d'accouplement, sans oublier aussi un peu de résine époxy pour réparer un aileron de dérive et deux ou trois autres merdasses, je vous fais pas le détail......nous prenons cependant les services d'un mécano local pour dépister et réparer une fuite de liquide de refroidissement sur le moteur tribord (95 dollars de l'heure et 92 dollars la durite! du délire.....mais bon.....il fallait un appareil spécial pour détecter la fuite).

Nous faisons ici la connaissance d'un couple original et sympa: Curt et Micheline, accompagnés de leur cadette Tas et du chien Skipper. Leur superbe bateau d'exploration, "Whale song", 26 mètres de long, 220 tonnes, est un laboratoire mobile dédié à l'étude des baleines (www.cwr.org.au); un véritable petit cargo! d'ailleurs, en visitant leur passerelle, Catafjord, vu de là-haut, m'a paru petit ......c'est vous dire. Ce sont les premières personnes qui nous disent gagner de l'argent en se mettant à quai dans une marina au lieu de mouiller leur ancre! l'explication, c'est que leurs groupes éléctrogènes de 80 KVA consomment 30 litres de gas-oil par heure, ce qui fait un total de 720 litres par jour, soit un budget avoisinnant les 700 dollars....aucune marina, même équipée de prises de courant de fortes puissances ne leur demande une pareille somme par jour.....cqfd

Arrivant au chantier par la route, une barrière à manoeuvre éléctrique contrôle l'accès au site; une pancarte y est fixée, qui vous met en garde contre une éventuelle étourderie aux conséquences fâcheuses: le texte explique en effet que la direction du chantier s'autorise, au cas où un propriétaire de yacht aurait désérté l'endroit depuis plus de six mois sans donner signe de vie, à vendre le canote délaissé à son profit ! donc, prudence, les étourdis; évitez d'oublier ici votre canote après travaux, car si tout-à-coup, au bout de sept mois, vous vous réveillez en sursaut et ruisselant de transpiration pestilentielle en pensant: "zut! où ais-je bien pu oublier mon superyacht de 28 mètres?", eh ben ce sera trop tard: y sera vendu pis c'est tout!

Lundi 29 Novembre; Rivergate Marina nous a offert trois jours de stationnement gratos, car ça les arrangeait de n'avoir pas à nous mettre à l'eau vendredi; du coup, avec la pépette, on a monté une petite opération commando pour vite-fait poncer et repeindre les 2 coques de Catafjord; super idée non? on l'a fait.....mais alors, épuisant! Aussi, quelle délivrance quand la grande araignée bleue marquée "Rivergate- 300T" s'approche pour enlacer notre gracile insecte blanc d'à peine 20 tonnes dans ses tentacules lamelliformes et dégoulinantes (car il vient de mettre à l'eau "Whale song"). Nous venons de passer presque douze jours au chantier à travailler en moyenne dix heures par jour; ça commence à nous fatiguer......Un bref passage au ponton à carburant pour refaire les pleins, et nous filons retrouver notre mouillage de Boulimba pour goûter un peu de repos et peut-être faire les touristes aussi. Les moteurs tournent bien rond; petit clac, petit boum, petit clac, petit boum, et les lignes d'arbres itou, faisant glisser nos carènes comme une savonette dans la main d'un sale gosse.

Hier, avant de se préparer à quitter le royaume du "refit", nos amis de "Whale song" nous ont invités à dîner, et ce fût une charmante soirée, agrémentée de conversations techniques passionnées car Curt envisage de modifier tout le système de gestion énergétique du bateau en l'équipant en diesel/éléctrique. Je lui ai donné l'adresse du chantier chinois que m'avait communiqué mon ami André, et avec lequel nous sommes en discussion......wait and see.....