mardi 20 décembre; l'escale de Paradise Point se prolonge; entre la météo peu favorable et l'exceptionnelle qualité du mouillage, nous nous attardons. Notre emploi du temps se partage entre quelques heures de travaux sur le bateau et des balades à pied ou en vélo, sans oublier les massages à Malou et l'accordéon; une vraie vie de retraités.....L'endroit s'y prête, avec son fort caractère vacancier. Paradoxalement, ce sont les ouikènes qui sont le moins peinards ici; le plan d'eau est démonté du matin au soir par les sillages d'embarcations diverses fortement motorisées qui passent à toute vitesse arrosant d'un panache d'écume les nombreuses pancartes: "vitesse limitée à 6 noeuds"......c'est d'autant plus étrange que les Australiens me paraissent assez respectueux du bien public d'une manière générale. Les nombreux bancs publics, abris de bus, poubelles ou même équipements de sport dans les parcs publics ne sont pas vandalisés; même pas taggés.....( mais si tu fais du kayak, amène ta pagaie....); mais là, sur l'eau, il y a des bourrins!

jeudi 22 décembre; le père Noël est Australien, nous l'avons rencontré. Impossible à reconnaitre le mec! L'histoire qu'il est habillé en rouge avec une grande barbe blanche, c'est des vannes....en vrai, il ressemble à un fonctionnaire......et d'ailleurs, justement, il crèche dans un bâtiment public toute l'année sauf à Noël...Nous avons garé nos vélos devant l'épicerie pour faire quelques emplettes, et sommes affairés à mettre en place l'antivol. L'un des deux biclou a déjà sa batterie en rade, et les échanges avec le fournisseur sont tendus pour actionner la garantie. Un monsieur passe sur le trottoir accompagné de sa fille et s'arrête pour nous questionner: "chouettes vélos, isn't it?"; nous: "ouais, super vélos, sauf qu'une des batterie est en rideau et le fournisseur fait le vilain. Peut-être qu'il n'aime pas les français....ou alors, il aime bien les autres français sauf nous......on sait pas". Alors là, illico, le mec se dévoile et commence à faire son père Noël: il travaille à Brisbane, au gouvernement, et offre de nous débrouiller le truc! On l'amène au bateau avec sa charmante gamine. Il empoigne son téléphone magique de Noël qu'on dirait un i-phone normal mais en plus magique, et il appelle notre marchand de vélo rétif......bla-bla-bla, bla-bla-bla un quart d'heure, et voilà le travail! c'est réglé: le commerçant récalcitrant accepte d'envoyer une batterie neuve chez son autre fille qui habite à deux pas d'ici, et nous renverrons ensuite celle qui est défaillante! merci papa Noël! Et moi qui commençait juste à douter de son éxistence......ah la boulette!

vendredi 23 décembre; quelle aventure aujourd'hui encore! C'est à pied, cette fois, que nous nous rendons à la boulangerie, histoire de nous dégourdir un peu les pattes après une matinée laborieuse à bord. Tout va bien; y fait un peu gris, mais bon.....soudain, alors que notre rythme de marche est réglé comme au métronome, une furtive sensation particulière sur le dessus du pied gauche m'avertit de la tuile. C'est vrai qu'une récente inspection du matériel m'avait permis de déceler une dégradation avancée d'un organe essentiel, mais, sur le coup, je n'avais pas jugé utile de m'alarmer plus que ça; bien mal m'en a pris, car maintenant, je suis dedans (comme disait le jeune marié....): c'est l'avarie majeure! une tong que j'avais pourtant entourée d'une immense attention, allant jusqu'à la ressemeler en la cousant à la main, au fil à voile, avec une autre éclopée, afin de former cet incomparable instrument de marche qu'une multitude de marcheurs de toutes origines m'enviaient en silence. Le verdict est sans appel: avec sa courroie de transmission sectionnée et gisant là comme une bouse, c'est l'équarissage direct. Les saisissant sans émoi, de la main gauche, elle et sa compagne de symétrie, je les mène du pas alerte et décidé qui me caractérise, surtout quand je suis décidé, vers le container poubelle le plus proche, prononçant en chemin une brève oraison en forme de calcul mental: "combien ais-je économisé en rafistolant deux vielles paires de tong pour en constituer une autre?" .....disons.....des clopinettes.....Mais la vie continue, et c'est pieds-nus que j'acompagne Malou dans la poursuite de notre quête de boulange, arborant l'air détaché et insouciant du gars qui voit pas où est le problème....

samedi 24 décembre; en cette période festive, je tiens à apporter ma petite contribution à l'allégresse générale en livrant à qui veut en prendre connaissance une recette de ma composition, et que je crois volontiers adaptée aux circonstances: le "Husky-coca". Donc, rendez-vous de bon matin au chenil le plus proche de votre domicile, et demandez un "chien de traineau". Attention au piège classique: si la taulière a un look de pouffiasse et qu'elle vous propose un caniche nain, refusez; le chien de trainée ne convient pas pour cette recette. De retour au bercail en compagnie de l'animal canin, faites lui boire une grande bouteille de coca. Quand il n'en reste plus une goutte, immergez le dans une bassine pleine d'eau de vie des Landes ( la goutte à Hubert comme on dit.....), puis conduisez-le rapidement dans le jardin, du coté du barbecue. Et, craccc, une allumette pendant qu'il s'ébroue!!!!!!!!. En plus de l'animation visuelle, vous obtiendrez en quelques secondes un succulent "husky-coca" flambé au calva qui remplacera avantageusement les saucisses ou autres côtelettes qui font en général le succès de ces épisodes gastronomiques conviviaux. Je mets en garde nos amis d'outre-rein qui seraient tentés de plagier ma recette en rempaçant le Husky par un berger et le calva par du shnapps: ça va merder car le clébard vous mordra au moment du remplissage du coca; c'est certain; ou alors c'est que vous êtes tombés sur un gentil, mais dans ce cas, y sera pas goûtu.....

JOYEUX NOEL