Jeudi 19 Avril; incroyable! c'est le tuyau en bois qui avait raison......l'aut' bambou là.....de se prendre pour un tangon sur le point d'être réparé. Il est là, devant mes yeux, bien installé entre le mât et l'écoute de génois, arborant fièrement son manchonnage doublé d'une couche de fibres de verre unidirectionnelle dans le sens de la longueur, puis d'une couche de sergé disposé dans le biais, le tout recouvert d'un petit taffetas pour la finition. Sitôt polymérisé, sitôt en service. Et c'est vrai qu'avec les 17 noeuds de vent qui nous poussent vers le nord-ouest, il est à son affaire le bougre.

Depuis trois jours, nous sommes, Malou et moi, en cours d'Anglais intensif: notre copain Australien, Dennis, a embarqué Lundi à Earlie Beach, pour une petite croisière vers Cairns. Dans le même temps, nous laissons derrière nous Pascale et Nicolas, histoire de lui laisser le temps de se refaire.......il se serait ruiné à tenter de suivre Catafajord; entre les voiles déchirées et les litres de gas-oil (pour charger les batteries, disait-il......., quel poète ce Nicolas! ).....pourtant, je prenais bien soin de ne pas forcer l'allure, conservant toujours au moins un ris dans la grand'voile, pas d'artimon, de temps en temps quelques tours dans le génois pour calmer le jeu......mais, bon! question de goût sans doute; il n'aime pas voir nos poupes.

Angie et Allan, à bord de "Honeywind", se sont joint à nous pour naviguer de conserve, (tout en mangeant des légumes frais......), pendant quelques étapes.

Hier, arrivés en début d'après-midi à Rock Island, celà nous a laissé le temps de nous rendre avec le dinghy à la ville voisine: Bowen, sorte de cité dortoir plutôt impersonnelle, avec ses rues excessivement larges, et perpendiculaires ( ceux qui se demandent comment c'est "excessivement perpendiculaire" peuvent m'en adresser la demande par imèle avec un timbre pour la réponse) , et ses pelouse synthétiques à chaque rond-point; une boutique, un hotel pour backpakers, un distributeur de billets, une boutique, un hotel, etc.........Dennis nous informe qu'il y a des mines de charbon dans l'arrière pays, et que donc c'est l'activité d'une grande partie des gens d'ici; les autres sont commerçants, ou pêcheurs, ou cow-boy.....

Question bricole, malgré la fulgurance de mon intervention sur la graminée arborescente qui se prend pour un tangon, l'ennui ne me guette toujours pas. L'anémomètre a le bon goût de tomber en rideau de temps à autres, jouant au clignotant belge: ça marche, ça marche pas, ça marche, ça marche pas........et puis, il y a aussi la tétière de grand-voile qui se craquèle comme des cuisses de mémé......allez, voilà encore quelques petits chantiers pour alimenter l'intarissable "liste des travaux à faire".

J'en profite pour faire un point sur certaines perfides reflexions entendues ça et là, à moins que ce ne soit là et ça, je ne m'en souviens pas très bien, reflexions visant à introduire l'idée éxotique autant que saugrenue, que ce serait moi-même personnellement tout seul qui ajouterait, comme qui dirait, "par vice", si ce n'est par vis, des lignes réputées plus ou moins inutiles à cette fameuse et inamovible liste! Entendre ça, à mon âge! J'aurais aimé pouvoir affirmer que ça m'en touche une sans faire bouger l'autre, mais, à la vérité, il serait plus juste d'avouer que ça me troue le culte.

Par contre, là, maintennt, tout de suite, c'est grand beau temps, vent arrière voiles en ciseaux, et ça, c'est pas minâp (comme on dit dans l'ouest.

Vendredi 20 Avril, 15 heure; babord toute après le Cap Upstart, puis l'ancre descend de se son davier pour s'allonger lascivement au fond de cette grande baie abritée bien plus qu'habitée......pourtant, il y a quelques maisons, présentant même les symptômes d'une récente fréquentation, mais, cependant nous ne rencontrons pas âme qui vive. L'endroit est classé "parc naturel", et il est probable que les bicoques ne servent que par intermittence. Angie et Allan arrivent à leur tour, et nous rejoignent sur la plage en dinghy, pour une petite causerie à marée basse.

S'il est un moment propice à réunir des populations différentes dans un seul et même élan de fraternité libatoire et créatrice à la fois, c'est bien celui de l'apéro. Ainsi, notre ami Dennis, dont la sobriété force l'admiration ( la mienne, en tous cas.....), y invente le terme "aqualique", censé définir les gens portés à une consommation excessive de ce liquide transparent que je peux voir chaque matin dans une cuvette blanche qui accueille....mais ceci nous éloigne du sujet. Suite à ce notoire apport à notre mode de communication verbal, et pour ne pas me sentir "en reste", je suggère immédiatement la création d'une ligue "anti-aqualique" qui pourrait féderer les non-buveurs d'eau, et les aider à se reconnaitre entre eux.....on pourrait y organiser des réunions où seules les boissons alcoolisées auraient droit de cité; on y deviserait gaiemment, parlant fort, surtout sur les sujets les plus graves, cloturant même nos scéances en reprenant ad libitum quelques chansons à boire ou autres paillardes......En même temps, je me demande tout-à-coup si ça n'existe pas déjà.....(vu "aux Landes" peut-être....à l'occasion de quelque anniversaire.....impossible de me souvenir exactement.....)

A propos, j'ai lu dans une revue scientifique que des travaux ont été entrepris en vue de minimiser la consommation de certaines stars du chaud-biseness: les premiers résultats encourageants auraient été obtenus avec le célèbre Johnny l.e.d.......