Lundi 8 octobre; soirée brésilienne pour clôturer notre séjour à Danga bay, en compagnie de Bob et Bel à bord de leur Beneteau50 "Bicho vermelho". Très sympa; Isabella s'accompagne à la guitare pour chanter la "garota de Ipanema".....ils poursuivront aussi bientôt leur route vers la Thaïlande, donc nous devrions pouvoir poursuivre nos discussions.....et peut-être faire un peu de musique...

Mardi 9; appareillage matinal. Catafjord slalome dans la brume entre les innombrables pièges à poissons qui obstruent le passage; encore un petit pincement en passant sous le pont de vingt-cinq mètres, sans raison, puisque c'est passé dans l'autre sens....nous longeons la zone de mouillage des cargos où des centaines de monstres d'acier inactifs attendent de reprendre du service; et nous voici bientôt dans le fameux détroit de Malacca. La chaleur est écrasante; pas un souffle d'air. Par chance, un courant de deux noeuds vient conjuguer son action à celle du moteur tribord, fraichement "econokité" pour nous amener à proximité de l'île Pisang, et y "dropper" l'ancre.

Jeudi 22 octobre; décidement, la côte Ouest de Malaisie est bien peu ventée en ce moment; hier, nous n'avons "voilé" que deux heures, cependant que les moteurs se sont, eux, relayés durant neuf heures pour parcourir les 70 milles qui nous ont amenés à Pulau Besar, pour y passer la nuit. Ce matin, de nouveau, c'est au moteur que nous nous dirigeons vers Malacca. Il n'est que neuf heures et déjà la chaleur est "transpiratoire sans rien faire". Les immeubles modernes de la cité, ancienne plaque tournante du commerce oriental (grâce à la "plaque tournante, c'était à la fois du commerce oriental et orientable.....) definissent un paysage dissonnant sur cette côte sans relief et peu urbanisée. L'Etat a investi ces dernières années dans plusieurs marinas, lesquels sont quelquefois de cuisants échecs...ainsi en est-il de celle de Malacca justement, qui, de type "new concept" comme dit le préposé, est actuellement totalement déserte car ses pontons sont tous disloqués et les câbles électriques sectionnés, en plus de s'être considérablement envasée ....il nous faut mouiller à l'extérieur.....sans aucun abri, exposés au clapot levé chaque après-midi par la brise thermique. Pas timides, les autorités de la marina réclament quand même une taxe proportionnelle à la longueur du canote....uniquement pour garer le dinghy! Bon, ça fait 4,5 euros par jour; on ne va pas marchander, mais tout de même, le procédé est un peu cavalier, je trouve.

La ville de Malacca, riche d'un passé prospère et mouvementé, a été controlée successivement par les Portuguais, les Hollandais, et les Anglais. Chacun y a laissé sa petite pierre, sous forme d'édifices guerriers ou religieux, qui sont devenus aujourd'hui autant d'éléments d'un circuit touristique et culturel qui attire une quantité hallucinogène de touristes de toutes confessions. Il faut reconnaitre qu'au delà de tout ce qui est "vestiges", les quartiers anciens fourmillent d'originalités; dans le quartier chinois, certaines maisons ont plus de trois cent ans, et sont maintenues en état grâce au "sponsoring" d'entreprises prospères qui en font leurs locaux, que ce soit un hôtel, un commerce, ou le siège d'une association.

Vendredi 23; le ciel s'illumine à l'aide des éclairs.....( ce serait mieux des éclairs à leds....plus économique.....mais bon; pas encore inventé...). Bref, ça gronde de partout, et ça mets un petit peu les boules quand on est mouillé directement en mer sans le plus petit abri si ça se gâte. C'est pourquoi, malgré tout l'intêret que nous portons à la ville de Malacca, nous reprenons la mer sans tarder. Grosses activité côtière, au nord de l'agglomération; un peu à l'image de ce que nous avons vu à Batam, en Indonésie; le sable, "cueilli" au large, est transféré par des barges suceuses....(pas du tout ce que certains imaginent....) pour agrandir la surface des terrains dévolus à la construction navale. Ici, plusieurs barges et remorqueurs en cours de construction sont alignés le long du rivage comme des Newmatics chez Rigiflex.

Drôle de navigation; principalement au moteur, toujours, à cause du vent si faible, mais nous utilisons tout de même les voiles pour grapiller un ou deux noeuds suppémentaires. Ainsi, nous nous présentons devant la marina de port Dickson vers 15 heures, puis nous décidons de ne pas y entrer, car ça nous semble bien luxueux, et nous mouillons devant.....La brise de mer se lève; ça commence à clapoter....alors, nous décidons d'en profiter pour parcourir encore un petit paquet de milles gratos, à la voile, avant la nuit, et levons l'ancre pour aller la poser deux heures plus tard........ à proximité immédiate d'une majestueuse centrale thermique à charbon, apparemment toute neuve, et dont la masse imposante possède un coté rassurant sur cette côte plate et sans abri. Illuminée comme un casino de Las Vegas, sa cheminée blanche immaculée, cierge de Pâques sans mêche ni flamme, laisse échapper deux panaches diaphanes qu'on ne saurait soupçonner de polluer tant le ciel alentour est chargé de grains orageux, sombres et lugubres.....

Samedi 24 Octobre; notre singulier choix de mouillage près de l'usine éléctrique s'est avéré judicieux, car la nuit fût calme et reposante, malgré un orage à l'aurore.

Pour l'heure, en ce début de journée, ce sont des trombes d'eau qui se déversent sur Catafjord; j'en récupère une centaine de litres pour remplir les réservoirs; nous profitons d'une brève acalmie pour repartir, toujours au moteur, vers Port Klang, sous la pluie qui ne cesse.

Après quelques heures, virage à droite vers un nouveau site assez curieux.....nous trouvons des fonds de cinq mètres quand la carte en indique dix, mais, bon, ce n'est pas si rare. Plus insolite, ces cargos en construction, à même la terre, sans aucune infrastructure, et surtout, sans moyen apparent pour les lancer quand ils seront terminés....renseignements pris, on me dit qu'un jour de forte marée, les gars creusent la terre et tirent très fort sur le bazar avec des remorqueurs à marée haute!... pour des cargos de cent-cinquante mètres de long!!!!!! (j'aimerais bien voir ça). Puis arrive l'ultime délire: cette magnifique" Pulau Indah marina", moderne et toute neuve, avec, lors de notre arrivée, un seul et unique bateau dedans! Nous nous en approchons pour accoster une extrémité de ponton; le préposé est là pour prendre nos amarres. Il ne semble pas parler anglais; on verra donc lundi pour la partie administative.

Nos voisins de ponton sont bien sympas, et nous passons la soirée ensemble; un hollandais et sa compagne espagnole; ils connaissent bien le coin et nous refilent des tas de conseils et de cartes touristiques pour la suite de la croisière.

Pour l'heure, le programme est axé sur la visite de Kuala Lumpur, sise à quelques kilomètres de cette marina.