Vendredi 3 Mai; voilà aujourd'hui une dizaine de jours que Rodrigues nous héberge, et nous n'en avons toujours quasiment rien vu......il faut dire que la navigation un peu rude qui nous a menés ici a un peu martyrisé le matériel, et les réparations réputées "indispensables" sont légion. Heureusement rien de grave; des fuites principalement. Mais ça génère beaucoup de boulot , car en plus de devoir refaire l'étanchéité elle-même, il faut aussi prendre en charge les dommages causés par la flotte qui est rentrée.....

Cependant, nous avons tout de même pris le temps d'honorer l'invitation qui m'avait été faite de me joindre à un groupe local pour jouer de l'accordéon, lors d'une de leur répétition. Sympa. Ce groupe s'est produit à Brest lors de la dernière grande fête nautique.

Le Dimanche après-midi, le night-club consacre sa scène et sa piste aux danses de société; ambiance bal populaire; on s'y trémousse aux rythmes des scottish, valses, et autres mazurka. Bon, la moyenne d'âge, c'est pas le style concert de Bruel.....mais, il y a quand même un peu tous les âges......surtout des pas trop jeunes (genre, comme nous un peu......).

Assez peu de bateaux font escale à Rodrigues; ce qui tombe bien car il n'y a pas trop de place. Le capitaine du port convie gentiment les tourdumondistes à s'amarrer au quai de commerce. Question sécurité, c'est super; mais il y a quelques petits désagréments: c'est un espace de travail, donc un peu bruyant et poussiéreux, pendant les heures ouvrables, à cause du va-et-vient des engins de manutention, et puis, environ tous les huits jours, on est "virés" pendant vingt-quatre heures pour laisser la place au cargo.... Comme il occupe tout le quai, on mouille dans l'avant-port jusqu'à son départ, le lendemain matin. Mais c'est quand même très bien ainsi, et puis, comme ça, on fait tourner les moteurs et ça retarde le salissement des hélices.....

Contrairement à ce qu'on peut habituellement lire, ou entendre, je ne trouve pas les autochtones particulièrement avenants, désolé....peut-être sont-ce seulement les citadins de la "capitale" qui donnent cette image de morosité, mais je ne trouve pas les gens très enjoués, ni joviaux, ni rigolards......presque on dirait qu'y font la gueule.....Bon, dans la feuille de choux locale, menée par un gars de l'opposition, il est écrit que tout va mal.....mais aussi, à quoi bon être dans l'opposition si c'est pour trouver que tout va bien?.....alors, comment savoir vraiment?..... les gens n'ont pas l'air miséreux par ici; nous avons approché des paquets d'endroits beaucoup moins bien lottis. La semaine prochaine, nous prendrons le temps d'aller visiter le pays plus en profondeur, lorsque Michelle et Patrick seront ici; on se fera sans doute une meilleure idée.

Comparativement à nos dernières escales "équatoriales", ici, c'est plutôt "tempéré".

Hier, après un boulot cradingue de ponçage dans le peak avant, je me jette dans l'eau pour me décrasser .....comme d'hab quoi....ouille, ouille ouille, la surprise: saisi! l'eau à peine à 25°c.......j'ai pas trainé. Définitivement, mon standard de température d'eau de baignade c'est 30°c; en dessous, j'ai le sentiment de me faire rouler....

Nous avons un voisin de quai depuis quelques jours; "Persian Lady", les fucking glaoush.....; Madame avait proposé de m'apprendre à mouiller (le bateau, je veux dire.....); bon, ben, elle n'en parle plus......et moi, je ne relance pas.....on s'ignore prudemment. Je crois que je vais devoir rester encore un certain temps ignare de "comment mouiller à l'anglaise?". C'est bien notre veine: seulement deux canotes et on tombe sur eux! Par chance, ils partent demain. Je crois deviner la cause de leur éloignement hâtif: ils ont dû entendre parler que nous recevons bientôt un couple d'amis.....et Michelle est d'origine corse.....!!!! ça calme ça; tout le monde sait qu'il faut se méfier du Corse qui dort (il aurait la gâchette encore plus chatouilleuse que le Corse éveillé......), mais bon, c'est des "zondy" tout ça....

Petite boutade à deux balles:

je viens de capter l'explication d'un phénomène qui m'avait échappée jusqu'alors. J'ai cru remarquer que les monocoques de croisière équipés d'une machine à laver sont plutôt un peu rares.....moi, bêtement, je me disais: "y z'ont pas la place, les pauvres".....En fait, la raison, la vrai raison est ailleurs, et a tout simplement une origine technique: ces canotes remuent tellement, non seulement en mer, mais même est surtout au mouillage, qu'il leur suffit de laisser leur linge sale une nuit dans un seau avec un peu de lessive, et au petit matin, c'est clean.....reste plus qu'à changer l'eau pour un petit rinçage, disons la matinée, et voilà, à midi, on peut faire sécher; ça tombe bien c'est le zénith.....malins et économiques les uniflotteurs! bravo!