Mon pote Patrick me racontait récemment que, la fameuse firme Toyota s'appellait, à ses débuts, Toyopète.... S'avisant de ce que ce nom pouvait n'être pas si vendeur que ça, à l'heure de s'internationaliser, un des dirigeants eût l'idée d'en faire le "Toyota" que nous connaissons. Hors, cette firme venant d'équiper certains de ses véhicules d'un système de climatisation, un génial publicitaire avait conçu, pour en faire la promotion, ce slogan étourdissant: "J'ai l'air cond dans ma Toyopète".....slogan très probablement à l'origine de la démocratisation de cet équipement. Aussi, en ces temps de crise où tout est bon à tenter pour vendre toujours plus, je propose à mes anciens potes de St Gilles, gratuitement, une déclinaison du slogan plus haut cité et qui pourrait bien faire s'envoler leurs ventes s'ils voulaient seulement prendre mon conseil en considération........Voici le bijou:

"J'ai l'air cond dans mon os et anis"; ça déride ça, non?

Mais revenons à Catafjord (qui n'a pas l'air cond....).

Samedi 25 Mai; la traversée Rodrigues/Maurice est précisemment du genre à nous réconcilier avec l'Indien, même si on n'était pas fâchés vraiment. Le ciel limpide parsemé de rares cumulus donne à l'océan ce ton azur profond qui ravit l'oeil tout en inspirant admiration et respect. La nuit, d'une quiétude exemplaire, a sorti le grand jeu avec sa pleine lune; j'aime cet astre. Elle m'enchante toujours cette lune; sa présence, en mer, a quelquechose de rassurant.....sa rondeur féminine, sa lumière douce et subtile.....bref, une traversée bien sympa, moitié voile moitié moteur car le vent s'est "aboli à la mi-route" (j'en contrepète de joie.....).

Contrastant sévèrement avec l'indolence de Rodrigues, Port-Louis nous assaille avec sa trépidence citadine. En plein centre ville, les terrasses bétonnées d'un chapelet de restaus font office de quai d'accueil.....pas une bitte d'amarrage, pas un taquet.....on se débrouille à accoster tout seul, on s'amarre aux rambardes, et on les emjambe gracieusement, si on a des grandes jambes. L'officier d'immigration ne tarde pas à pointer ses tampons, et officie à une table de restau, après en avoir essuyé l'eau de condensation nocturne d'un revers de manche..... Pour la douane et les coast-guards, il faudra se rendre à l'extrémité du quai; disons cinquante mètres. Le passage au stand des coasts-guards nous révèle une particularité insolite; dès mon arrivée, le fonctionnaire me tends un formulaire à remplir. Jusque là, rien de plus ordinaire.....sauf que le formulaire en question, c'est celui de l'enquête de satisfaction.....que l'on remplit, ici, avant de commencer à causer.....astucieux, non? Moi, je réponds "extrèmement satisfait" partout, ponctué par une belle signature et un coup de tampon, moyennant quoi, l'ensemble des formalités est accompli en une heure, avec le sourire et c'est cool!

Tiens, il me vient encore une idée de slogan pour les coast-guards mauriciens: "créateurs de satisfaction"....

Le pavillon mauricien comporte quatre bandes horizontales de couleurs différentes symbolisant les quatres communautés religieuses les plus représentées dans le pays: Hindou, Chrétien, Musulman, Tamoul (ça me fait toujours marrer comme nom de religion ça, je ne sais pas pourquoi......). Tout ce petit monde cohabite en apparente harmonie, mais les mélanges ne sont pas la règle, hélas....

L'immense halle du marché abrite des centaines d'échoppes, organisées par quartiers à thèmes: légumes, fruits, épices, viandes, etc.....ce qui ne décourage en rien l'impressionante quantité de petits vendeurs de rues, aux stands si réduits que certains n'atteignent pas la largeur des hanches de leurs tenancières.....c'est vous dire. Un magma humain ininterrompu serpente au milieu de ce bazar, en chenilles processionnaires acheteuses, dans le brouhaha des camelots vantants à tue-tête leurs débardeurs à 1,5euro où leurs 20 mandarines à 0,5 euros le lot.

Catafjord a pris place pour quelques jours le long du quai extérieur de la marina Caudan; le temps pour nous de lui trouver un lieu de villégiature adapté pour le mois de Juin, cependant que nous le délaisserons pour la tournée annuelle des amis métropolitains.

Samedi premier Juin; le canote glisse tranquillement sur un lac de plomb. A notre gauche, défile la côte Mauricienne, plate, verdoyante. Quelques bosses montagneuses animent en arrière-plan ce relief paresseux. Le labeur incessant des flots a mis a nu la roche volcanique noire, donnant au littoral un aspect presque lugubre. Un fier phare rouge et blanc, comme en Bretagne, vient égayer un peu la mélancolie qu'imprime au tableau le ciel voilé (alors que nous, on est au moteur....). L'absence d'alizé laisse à Yanmar le loisir de s'exprimer, et c'est pourquoi je l'entends ronronner d'aise pendant qu'il nous mène gentiment à Rivière Noire, où nous avons décidé d'offrir à Catafjord ses quatres semaines de vacances. Il a eu droit à une grande toilette à l'eau douce, ce matin, avant de quitter la marina, alors que c'est un luxe auquel il ne goûte habituellement que par temps de grande pluie.

Bien que la semaine passée à St Louis ait été fort remplie en tâches diverses préalables à notre voyage en France, nous avons tout de même un peu sillonné ses rues. C'est une ville moderne, pas spécialement charmante, avec, cependant, quelques attraits: la pierre de lave noire, assemblée en imposants et austères batiments, murets, ou trottoirs, la place d'armes, bordée d'élégants palmiers-bouteilles, le quartier Caudan, de belle facture, agréable à fréquenter malgré son coté décalé et son caractère indéniable de temple de la consommation éffrénée, ainsi que quelques jolies maisons créoles.

samedi soir;

voilà, le petit Cataf a enfoui son ancre dans le sable de la baie. Demain, Xavier, son nouveau parrain, va venir prendre les consignes, et nous pourrons nous consacrer posémment aux préparatifs de départ en espérant ne rien oublier.