27 ans plus tard
Le 24, 6h. du matin Claire et moi entamons notre dernier quart de nuit. La pointe des Almadies est par le travers. Nous ne sommes plus loin de Dakar. Domi s'allonge dans le carré mais reste prêt à bondir. Il y a 27 ans Domi et moi avons fait la course "La Baule-Dakar" avec notre bateau "Ville de St Nazaire". C'était une course en équipage, et nous étions 6 à bord; Claire, âgée de moins de 3 ans, avait son badge de concurrente. C'est émouvant de faire notre arrivée cette fois avec Enzo.
Nous logeons l'île de Gorée, et nous promettons d'y venir. Nous jetons l'ancre dans la baie de Hann vers 10h. Passe près de notre bord Cathy et Stann rencontrés quelques mois plus tôt aux Açores. Une pirogue nous accoste et nous explique qu'elle sert de navette pour aller à terre; le mouillage est géré par le club de voile dont on devient adhérents pendant le séjour; la navette fait partie de la prestation. Pour appeler la navette, il faut utiliser la corne de brume; justement une corne de brume on n'en a pas. Il y a bien le saxo soprano que je dois offrir ce soir à Domi pour Noël; çà nous fait la corne de brume la plus luxueuse de tout le mouillage, mais au son du do dièse pas de problème, la pirogue apparait.
Commence le marathon des formalités d'entrée. Les diiférents bureaux où nous devons passer se trouvent en ville, assez distants les uns des autres, et le trajet nécessite chaque fois le taxi. Les taxix sont dans un état tel, que pas un en France ne passerait avec succès le conrtôle technique. Au poste de police, quand Domi a fini de remplir le formulaire, le fonctionnaire éclate de de rire, et lui dit "tu as tout faux!"; on reprend point par point, en fait c'est pas si faux! Il est 15h30, et il a fallu glisser quelques billets quand nous avons terminé les formalités, et il nous faudra attendre quelques jours avant d'obtenir l'autorisation de rester plus de 15 jours au Sénégal sans repasser par Dakar. Nous redécouvrons Dakar. Ici l'oeil doit se poser d'une façon différente sur les choses, pour apprécier. La vue de certains quartiers ne flatte pas l'oeil (ni le nez); pourtant nous sommes touchés par la gentillesse et la gaieté des gens. La ville est grouillante, et nous retouvons les embouteillages.
Certains nous mettent en garde en ce qui concerne la sécurité du bateau, et un couple reste toujours à bord; l'occasion d'apprécier le calme du mouillage, et de faire avancer les travaux sur le bateau. Le cercle de voile est le lieu de rencontre des navigateurs; Il dispose d'un bar, de la wifi, d'ateliers pour bricoler...nous retrouvons quelques équipages croisés plus tôt dans le voyage; parmi eux, "renard rusé" qui gagne sa vie en faisant l'acrobate à cheval à Disneyland.
Nous fêtons gentiment Noël à bord du cata; Enzo fait honneur à ses cadeaux.
Le mercredi les jeunes prennent "La chaloupe" pour aller à Gorée, et le lendemain c'est notre tour. L'île est magnifique, mais la maison des esclaves nous rappelle que l'histoire est beaucoup moins belle. La visite est très poignante, et on frémit à l'évocation des conditions de capture, d'embarquement et de transfert de plus de 14 millions d'esclaves.
L'artisanat est riche. Nous décidons d'acquérir un tableau pour masquer les régulateurs de panneaux solaires. L'assemblée des sages autour de l'arbre à palabres est notre favori; les gens du village sont réunis autour du Baobab pour discuter des problèmes du village. Nous ferons nos réunions Catafjord sous l'oeil de ce tableau.
Le jeudi les jeunes vont découvrir N'Gor; Domi et moi préparons un kit de résine et tissus; nous avons rendez-vous avec Sam, un pêcheur Sénégalais pour lui réparer son embarcation. Après le thé qu'il a préparé sur la plage sur son feu de bois, nous entreprenons notre deuxième réparation de barque locale; en effet la prirogue du CVD, suite à une erreur de trajectoire de son pilote, a un gros trou sur l'avant; après lui avoir fait une réparation de fortune la veille, Domi lui fait une réparation bien solide, et en profite pour faire un peu de formation à la strat au passeur.
Le lundi nous entamons une opération de patience pour obtenir notre autorisation temporaire de séjour. Environ 3 heures dans les locaux de l'administration. Dans la rue nous recontrons un nouveau papa enthousiaste qui connait notre nom, et celui du bateau; nous sommes confus car nous nous rappelons pas l'avoir rencontré; il nous convainc que si; puis nous raconte sa première paternité et toute les traditions liées à cette première naissance; tout cela prend pas loin de 2 heures; parmi ces traditions il doit honorer des étrangers; il nous offre des pépites et nous demande d'assister au baptême de sa fille le lendemain. Tout est si bien amené que nous faisons une petite participation pour le mouton du lendemain. Le soir au club c'est le réveillon; environ 80 personnes y participent. Nous nous faisons de nouveaux copains et copines; dont Fatima une sénégalaise, et Chantal une Cap Verdienne. La soirée est très sympa; et le spectacle de Djambé et de danses africaines est magnifique, et nous vivons un nouvel an pas ordinaire. Nous parlons de notre baptême du lendemain; les locaux nous confirment toutes ces traditions. La nuit est courte et nous devons faire un gros effort pour nous rendre à l'heure au baptême; oui mais voilà, l'adresse n'existe pas, le téléphone ne correspond pas. Nous retrouvon, un peu penauds, notre pêcheur Sam. Il nous confirme notre naïveté. Nous racontons notre mésaventure au Club. Un autre navigateur a connu exactement la même arnaque quelques jours plus tôt, et n'avait pas souhaité la raconter. Et oui, tout n'est pas rose, et la juste mesure entre l'ouverture aux autres et la vigilance n'est pas toujours facile à trouver. C'est une grande ville, et il a beaucoup de délinquance et de gens nécessiteux .
Les journées de ballade ou de travail sur le bateau se terminent en général par une petite pause au club de voile; l'occasion d'échanger avec les navigateurs ou les locaux.
Vendredi 4, dernière journée à Dakar. Dernières courses, des cahiers et des crayons pour les enfants que nous rencontrerons sur le Saloum et en Casamance. Un petit tour à terre pour dire au-revoir à mamma légumes, à la vendeuse d'acras de poissons ...etc...nous invitons pour la soirée Françoise et Danièle. Ils naviguent sur un cata de 13 mètres; nous les avions déjà vus à Nantes peu avant le départ. Il y a aussi Eric, qui a travaillé chez CNB avec Domi; lui aussi il navigue sur un cata. Christian et Sylvie ne sont pas disponibles . Dommage, car ils ont beaucoup d'humour; ils naviguent sur un flot 40 qu'ils ont construits il y a 30 ans; le bateau est un peu cabossé, et comme dit Sylvie : "c'est un bateau qui a connu les vagues avant de connaître la mer"; et tout çà avec l'accent de Toulouse.
Samedi 5 nous saluons une dernière fois Dakar; quelques heures de navigation et nous mouillons l'ancre dans la jolie baie devant Sali; petite escale dans la station balnéaire, avant de s'aventurer sur le Saloum et La Casamance qui nous permettront de faire connaissance avec un Sénégal plus authentique. Le dimanche midi, Danielle, la maman de notre super copain nantais Max, vient nous rejoindre pour déjeuner, et faire une baignade l'après-midi.. Enzo est heureux d'avoir la compagnie d'une petite copine de 6 ans.Danielle habite M'bodiène à quelques kilomètres de Sali depuis 10 ans. Et ce soir nous jeterons l'ancre dans la baie devant sa maison pour aller manger des crevettes chez elle.L'équipage du Catafjord vous souhaite à tous de vivre au mieux tous les instants de cette nouvelle année.