Des îles du Cap-Vert à Fernando de Noronha

Les vivres frais pour la traversée nous permettent de profiter encore du marché. Un dernier bain dans ces marchés africains où les mamas nous entourent et nous hèlent pour nous vendre leurs produits. La charmante citadelle de Sao Felipe essaie encore de nous retenir au Cap-Vert. Pourtant nos derniers escudos échangés pour des dollars, il est temps de rejoindre le bateau. Heureusement nos amis Cap Verdiens José et Jonnhy viennent dîner sur le bateau et nous permettent de partager jusqu'au dernier moment avec les gens d'ici. El leurs délicieux vins, le cha de Fogo, et le manecao n'ont rien à envier à nos vins français.

Le 20 mars nous levons l'ancre à 9h sous un soleil déjà chaud, et peu de vent. Le spi est à peine envoyé que le vent fraîchit jusqu'à 30 noeuds. Nous le rangeons pour franchir le canal entre les îles. Puis le spi reprend du service. La vie en mer se met en place. Enzo retrouve le rytme des siestes, et nous le rythme des quarts. Claire est devenue autonome pour les quarts de nuit, ce qui nous permet après 2 heures de veille d'avoir 6 heures vacantes. Nous avons enfin dépassé la leçon n°2 de l'apprentissage du portugais.

La mer est très clémente et nous faisons quelques rares rencontres sur l'eau : une grosse tortue, des baleines à peine aperçues, une multitude de poissons volants, quelques cargos.

Quant aux poissons, allez savoir pourquoi, ils embarquent parfois les bas de ligne, mais ne daignent pas monter à bord. Pourtant la dorade coryphène, ce matin, çà y était presque; Tintin avait réussi à la remonter le long du bord, quand une idée soudaine lui a prise à la bestiole de rejoindre son élément. Le capitaine avance l'idée que la température élevée de la mer ferait fuir les poissons, température leur donnant un avant-goût du court-bouillon. Nous ne l'encouragerons pas à préparer une thèse là-dessus.

Après 4 jours de mer, nous abordons le "pot au noir"; c'est la zone de calme située de part et d'autre de l'équateur, là où les alizés de Nord Est et de Sud Est se rencontrent. Il y a peu de vent, il fait très chaud; on y rencontre parfois des grains violents; aussi à la moindre alerte tout le monde est sur le pont, comme à 4h30 ce matin 25 mars.

Je profite d'une pluie torrentielle matinale pour prendre la douche sur le pont. Nous n'avons pas vu la pluie depuis plus de 3 mois (en décembre aux Canaries).

L'effervescence règne à bord avant le passage de l'équateur. Nous les bizuths (tous sauf Domi) nous affairons à nous plier au rituel du passage de la ligne. Le capitaine, qui incarnera Neptune, demande à être couvert de présents et d'amabilités. Il faut faire avec les moyens du bord, mais il ne va pas être déçu.

Le calme, et les moteurs qui nous maintiennent les batteries chargées, sont l'occasion pour que je continue à initier Tintin à la tenue de la comptabilité de sa société sur informatique; comme çà en validation des acquis, il pourra mettre la notre à jour!

Quand nous franchissons "la latitude Zéro ", le 26/03, la nuit est déja tombée, et il pleut. Mais nous sommes prêts pour fêter le passage; et Neptune se trouve affublé de parures de nouilles, petit coeur cousu, tee-shirt décoré, panier garni,, poupée fétiche pour la pêche, étui pénien tricoté (trop petit, tiens c'est bizarre, les mesures auraient-elles été mal prises?). Nous prolongeons la fête avec quelques chants de marins.

Dernière nuit en mer. Au milieu de la nuit, une petite avarie avec l'enrouleur de génois; une réparation provisoire, tout sera remis en ordre à l'arrivée. Il faut dire que jusque là nous avions eu une traversée exceptionnellement peinarde.

Le 28 mars nous arrivons à Fernando de Noronha. Cà fait longtemps que nous n'avions pas vu une île aussi verdoyante. Nous mouillons l'ancre; un petit apéro pour fêter l'arrivée; le déjeuner; la sieste; Et nous prenons notre premier contact avec le Brésil, en allant faire nos formalités d'entrée. Nous sommes fort bien accueillis, avec même un petit café. Hélas nous ne pourrons pas rester longtemps ici, car les taxes journalières pour le bateau, et pour chaque personne, çà calme. Un tour jusque l'aéroport en bus pour avoir les liquidités pour s'acquiter des taxes, nous permet d'entrevoir que l'île est superbe. Il faudra mettre les bouchées doubles pour voir un maximun en 2 jours.